CHRONIQUES HISTORIQUES DU 1ER SIECLE
1878 Premiers pas...
1890 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970
Voilà ! Sur un lac d'ardoise, les cheminées du village fument blanc. La nuit tombe vite, ce soir de Noël 1878. Il n'y a pas eu de grandes festivités, à part le sermon du pasteur Peclard, le matin, au temple. Après l'heure où l'on a abreuvé les vaches, le village a été gagné par le silence de l'hiver. Quelques fenêtres éclairées ça et là, par la flamme immobile des lampes. Chardonne s'endort... et pourtant quelques jeunes hommes sont venus, seuls ou par petits groupes, frapper à la porte de la cure (l'ancienne cure, au nord du poids public), ils ont soigneusement essuyé leurs souliers avant d'entrer, ils sont réunis, les uns de Chardonne, les autres de Jongny. M. Delessert, instituteur à Jongny, qui les a convoqués, parle :"Depuis quelques années", dit-il, "il désirait voir se former dans la paroisse une société de chant "; la difficulté de trouver un directeur qui put se charger de cette tâche avait été le principal obstacle. Or, maintenant, M. Belet, instituteur a Paully, dont les capacités pour ces fonctions étaient connues, offrait de l'assumer. M. Delessert pensait donc que le moment était venu de mettre son projet à exécution."Cette proposition fut chaleureusement accueillie par les assistants. Le pasteur Peclard s'occupa de la formation de la société, trois instituteurs assurèrent leur concours et un choeur d'hommes fut fondé entre les deux villages. Un mois plus tard, il comptait plus de quarante membres. C'est ce que nous racontent les feuillets jaunis du vénérable premier livre des procès-verbaux de la société. Sur la première page, quelqu'un s'est appliqué pour dessiner et rehausser de couleurs un écusson vaudois et un écusson suisse, avec la devise : DIEU, PATRIE, AMITIE. Et puis, on a mis liberté, et au-dessous, encore : Musique - Art - Littérature. Ne souriez pas ! A cette devise, la société a été fidèle. Ces buts qu'elle s'est proposée, elle les a touchés. Nous le verrons.
1879
On sait qu'il en faut beaucoup pour mettre en marche un Vaudois,
pour l' "emmoder", mais, une fois en route, il en faut
davantage encore pour l'arrêter. Aussi les séances de la
nouvelle société ne traînent-elles pas : on se réunit le
lundi et le samedi, de sept a neuf heures du soir !
18 janvier. L'assemblée décide de tenir les
deux tiers des séances à Chardonne et un tiers à Jongny. (Ne
l'oublions pas, pendant un siècle, la Société va être un des
meilleurs liens entre les deux communes voisines.) On exerce, le
samedi, un psaume qu'on chantera le lendemain à l'église.
Souvenez-vous de la devise : DIEU.
.
La finance d'entrée est fixée à 2 francs, l'amende pour
absence à 50 centimes et la cotisation de membre, payable tous
les deux mois, à 50 centimes également. On s'organise : M Jean
Ducret-Cheseaux est élu premier président de la société, M.
Charles Taverney, vice-président, M. Victor Taverney,
secrétaire, M. Edouard Neyroud, caissier et M. Henri Mouron,
cinquième membre du
comité. Avec ces noms-là, tout Chardonne et tout Jongny sont
représentés ! Mais, au fait, la société n'a pas de nom !
Bonne occasion pour se réunir, le 15 février, à l'Hôtel
Belle-vue, en soirée familière.
Un nom ? Qu'à cela ne tienne ! La société marche déjà bien.
On l'appellera Le Pélerin : d'abord à cause de
"notre" montagne, ensuite parce que cela évoque le
voyageur en marche "vers le beau et vers le bien". Et
le "Pélerin" marchera, durant cent ans, et comment !
Dans la joie de ce baptême, on chante ! Tout ce que l'on a
appris jusqu'à maintenant, peut-être pas les psaumes, mais six
churs du
recueil de Zofingue, et puis des chants individuels. La
cotisation perçue ce jour-là suffira juste à payer le vin bu
pendant la soirée, qui se prolongea "assez tard"
AMITIE !
Il faut le dire : le " Pélerin", dans sa route, a
chanté le vin les vignes et les vignerons. Mais qu'il a eu
raison ! S'en est-il bu, des demis, des bouteilles et des litres,
après les séances, aux soirées et aux courses, entre amis ! Un
chanteur, ça a plus vite soif qu'un autre homme, non ?
9 mars. Un grand jour. Pour la première fois,
le coeur battant, la société se produit en public. Elle chante
l'Invocation patriotique à l'église, au service du matin. Les
syndics des deux communes offrent un verre de vin à la sortie
pour témoigner leur reconnaissance. PATRIE
.. La devise y
est !
Dorénavant, fidèlement, le "Pélerin" participera aux
fêtes patriotiques et aux actes officiels de la vie des deux
communes. Et puis, il faut ce qu'il faut. La société se donne
un règlement. Comme il se doit, l'article premier en définit le
but : "La société a pour but de propager et d'améliorer
le chant, de créer et d'entretenir des liens de fraternité
entre ses membres".Il vaut la peine de souligner le rôle
social d'une société de chant, en ville, et encore davantage à
la campagne. Cette habitude de se réunir régulièrement
ailleurs --qu'à la pinte-- pour exercer en commun le chant
choral, un art qui implique avant tout l'harmonie des voix, a
contribué à faire régner aussi l'harmonie des churs. Que
de liens d'amitié tissés entre les membres, que de mariages au
sein de cette grande famille, souvent même que de vieilles
dissensions de clans apaisées par l'exercice en commun de l'art
vocal. Et comme est vraie la devise du drapeau de 1928 :
"Par l'harmonie des voix, l'union des coeurs !
Si l'on fait l'historique des origines du chant choral en Suisse,
on voit que c'est bien cette intention qui a prédominé dans la
formation des diverses sociétés de chant. Déjà dans les
premières années du XIXe siècle, Hans-Georg Nägeli, fondateur
a Zurich des premières sociétés de chant et considéré comme
le "Père du choeur d'hommes", entend faire chanter le
peuple tout entier : la musique a, pour lui, une mission sociale
à remplir. Le coeur d'hommes, notamment, doit contribuer à
élever toutes les classes et à former l'individu à la
véritable humanité. Dans le grand brassage d'idées qui agite
--et peut-être menace-- la Suisse en cette première moitié' du
XIXe siècle, il était essentiel de développer solidement un
esprit national et d'entretenir le patriotisme. Ce rôle fut
joué par les sociétés de tireurs, de gymnastes et de
chanteurs, qui contribuèrent à rapprocher les classes en fixant
un idéal commun, moral et social. Ainsi, de la grave crise que
fut, en 1847, la Guerre du Sonderbund, la Suisse sortira, non
seulement intacte, mais encore renforcée.
Fondée en 1819, la Société d'étudiants de Zofingue considère
le chant comme un excellent moyen de créer une patrie plus forte
et plus unie. Les Zofingiens favorisent largement le
développement du chant populaire en publiant plusieurs recueils
de chants. C'est dans le recueil de Zofingue que, à ses débuts,
notre "Pélerin" choisit ses choeurs.
Dans notre canton de Vaud, on ne peut pas omettre de citer le nom
de Jean-Bernard Kaupert, allemand d'origine, qui, par les cours
de chant qu'il entreprend des 1831, avec un immense succès, dans
diverses localités vaudoises, donne le départ à un
extraordinaire éveil de l'art choral. Dans son sillage se
fondent les premières sociétés. L'ouverture, en 1833, de
l'école normale, va favoriser cet essor. Les instituteurs et
institutrices, initiés à la musique vocale, se font les
propagateurs convaincus du chant populaire dans le canton. Les
débuts du " Pélerin", puis sa carrière tout
entière, en sont une belle preuve. Enfin, n'oublions pas que,
dans la région de Vevey, grâce à la Fête des vignerons, le
chant populaire jouira d'une faveur toute particulière.
Et le "Pélerin" chante la patrie : le Cantique suisse,
le Ranz des Vaches (déjà un succès !), Le Mal du Pays. Avec La
saison des gros travaux de la vigne, les séances sont limitées
à une par semaine. De nouveaux membres arrivent, cependant qu'un
ou deux chanteurs sont sévèrement rayés de la liste pour
absences répétées : le gros problème des sociétés ! Puis
vient l'été : beaucoup de vignerons ont, en plus, des foins à
faire sur les côtes ou au Mont-Pélerin. On suspend donc les
répétitions. Vacances encore en octobre, pour les vendanges.
Avec les "bossettes" tirées par des boeufs, les
pressoirs à palanche, elles duraient plus longtemps que
maintenant !
14 décembre. Evénement ! La jeune société
donne son premier concert, avec le concours de la Société de
musique instrumentale "La Lyre" de Vevey : cortège à
travers le village, vin d'honneur, concert au temple
l'après-midi, puis, sur invitation de la Municipalité,
collation a Bellevue, "ou le vin figure en abondance".
Jolie réunion familière, entrecoupée de toasts, de discours
fleuris, de chansons et de productions diverses. Les deux
sociétés se séparent en se promettant de se revoir.
Le poème composé à cette occasion est un morceau d'anthologie
! Et voilà la première d'une longue série de soirées qui
ponctueront la vie du " Pélerin".
1880
Le 1er janvier, la société chante à
l'église, après le sermon. Début d'une tradition qui va se
maintenir longtemps...
22 février. Le "Pélerin" a pris
goût aux fêtes ! Il lui manquait un drapeau. Un comité de
dames s'est dévoué pour lui en offrir un. La remise et
l'inauguration de cet emblème sont l'occasion d'une parade qui
anime les villages de Chardonne et de Jongny : cortège conduit
par la musique "La Veveyse", escorté de jeunes filles
parées d'écharpes bleues, partie familière à Bellevue et,
pour terminer, un bal qui devait durer "jusqu'a dix heures
du soir, au plus tard ! "
A ces manifestations, les autorités des deux communes sont
présentes. Sont invités également les représentants de
sociétés voisines, de même que des représentants du
"Pélerin" sont invites aux soirées des sociétés
soeurs. Autant de liens nouveaux qui se tissent ainsi dans toute
une région : celle-ci y gagne en ouverture d'esprit et en
cohésion sociale.
8 mai. Dotée d'un nouveau président, M. Henri
Mouron, la Société voit grand. Elle se lance dans un concert de
bienfaisance au temple de Chexbres ! Elle s'y rend en passant par
Rivaz, ou elle va accueillir la société de musique de la Ville
de Lausanne qui prête son concours et impressionne tout le monde
avec ses costumes flamboyants. Verrées avant, pendant et après
le concert ! Il peut déjà faire chaud, en mai ! Toujours est-il
que le résultat financier est loin d'être brillant, et qu'une
contribution spéciale doit être perçue pour combler un
déficit de 36 fr. 70...
29 août. Autre date à noter : c'est celle de
la première course de la société. Course modeste, il est vrai,
puisque, accompagnée de la Société amie "Le Chur
d'Hommes" de Corsier et d'une infatigable fanfare, le
"Pélerin" se rend en bateau à vapeur (ah ! Les beaux
bateaux d'autrefois !) au Bouveret. Cortèges, fraternisation,
rafraîchissements, choeurs d'ensemble : un joli dimanche de
1880...
Le " Pélerin " a bien mérité son nom. Depuis cette
première promenade, que de courses, à pied, en char, en bateau,
plus tard en train, et puis en autocar, jusqu'au jour ou le
" Pélerin" s'envolera dans les nuages... Mais
n'anticipons point ! Que de sorties joyeuses, que d'aventures
relatées, avec une discrétion malicieuse parfois, dans de
pittoresques comptes rendus ! Que d'exploits pédestres aussi,
difficiles à imaginer de nos jours ! Comme il faudrait pouvoir
les faire revivre toutes, ces journées ! Ici ou là, nous ne
pourrons résister au plaisir d'en citer quelques échos, tant
ces courses ont marqué des moments importants dans la vie de la
société.
18 septembre. Invitation de M. Obrist, à Vevey,
pour qui l'on chante, et qui "débouche une quantité de
bouteilles et fait circuler les verres entre chaque chant "
!
27 novembre. La société décide de demander
son admission à la Société cantonale des Chanteurs vaudois.
Elle sera acceptée le 18 décembre, avec entrée le 1er janvier
1881.
Lancée lors d'un concert collectif qui eut lieu à Thierrens en
1852, l'idée de créer une association cantonale des chorales
est mise à exécution en 1853 à Orbe. Quinze sociétés se
trouvent réunies et se produisent dans six choeurs d'ensemble.
Déjà à ce moment, la Chorale du Brassus se distingue
particulièrement. Le véritable début des concours se situe à
Lausanne en 1861, où, pour la première fois, un jury est
appelé à fonctionner.
1881
Et une page tourne. C'est l'hiver. Le "Pélerin" se
réunit deux fois par semaine. Elle a chanté à l'église le 1er
janvier. Et tout va, dans le petit train-train d'une vie de
société : les absences --et les amendes-- les comptes, les
cotisations, les nominations (il faut maintenant nommer un
porte-drapeau).
Les répétitions se terminent souvent dans un des cafés -un
vieux y raconte-t-il ses souvenirs de la Guerre du Sonderbund ? -
mais aux séances, du sérieux ! " Le président invite les
membres de la société à s'abstenir de fumer pendant les
exercices de chant ". En revanche, il leur faisait goûter,
au repos, un verre de mousseux. Savez-vous encore ce que c'est,
vous autres ? Ce long jet blanc de lait de chèvre dans le verre
en flûte, cette mousse pétillante qui fuit les lèvres et pique
le nez, cette saveur sucrée et aromatisée, petite galanterie
des caves offerte autrefois aux rares dames ou demoiselles qui y
pénétraient.
27 février. Bannière déployée, la fanfare
" La Veveyse" en tête, le "Pélerin" s'en
va, a pied, par Granges, donner un concert à Palézieux pour
renflouer sa caisse. Concert réussi, l'on rentre, joyeux, par
Attalens, vers les dix heures du soir, les chants rythmant la
marche dans la nuit. Cependant, de grandes choses se préparent.
Tout le printemps y est consacré.
12 juin. Le "Pélerin" part pour son
premier concert d'arrondissement à La Tour-de-Peilz ou il
exécute notamment un choeur d'ensemble avec les six autres
sociétés invitées. Enfin, les
18, 19 et 20 juin, le "Pélerin" se rend en
train à Payerne, prendre part à la Fête des Chanteurs vaudois.
Mémorable sortie ! Classé dans la division artistique,
"honneur dont la société se serait volontiers passée
", le "Pélerin" arrive beau dernier avec La
Prière d'un Soir ! Mais qu'importe : il reçoit néanmoins une
coupe et ses membres la fêtent dans une cité généreusement
illuminée et arrosée, avant d'aller goûter quelque repos sur
la paille fraîche de la caserne. Le lendemain, la société part
pour Fribourg, qu'elle régale d'un petit concert. Un retour à
pied depuis Palézieux, avec arrêt à chaque village, fait que
la fête ne se termine que le 3e jour ! Dans l'élan de cette
année si animée, le " Pélerin" prévoit un concert
à Chardonne pour le 28 août. Mais, hélas, l'on ne sait jamais
ce qui peut venir du ciel, dans le vignoble. Un terrible orage de
grêle saccage les vignes, le dimanche 21 août. Triste
spectacle. Le cur n'y est plus, le concert est annulé et
les répétitions ne reprennent qu'a fin octobre. Heurs et
malheurs des vignerons, cela aussi fait partie de l'histoire de
la société.
1882
15 janvier. L'élan est repris. Le
"Pélerin " organise ses premières soirées publiques
avec tombola, dans une salle d'école, sur une scène
improvisée. Incroyable succès, cohue indescriptible. Des
spectateurs jusque sur et dans l'armoire ! ... Et un coquet
bénéfice pour la caisse de la société.
II ne faut pas l'oublier. Il fut un temps où ces soirées
étaient la seule distraction, le seul spectacle de la
population. Le village entier s'y retrouvait, avec des amis venus
d'ailleurs. Et ce n'est pas un des moindres mérites des
sociétés de chant ou de musique que d'avoir offert ces
divertissements bienvenus. Petit village, le monde tourne autour
de toi : en Allemagne, il y a Bismarck, qui tire les
ficelles de l'Europe, et Wagner, qui fait jouer Parsifal. La
France et l'Angleterre se lancent dans la colonisation totale
l'Afrique. Manet peint Paris et Verlaine à écrit Sagesse. En
Russie, Alexandre III fait régner -déjà- un terrible
despotisme... Petit village, tu vis au rythme des travaux de la
vigne et des champs ; tes gens parlent encore souvent le patois,
qui est la vraie langue d'ici ; mais, voilà, ce soir, il y à la
répétition de la société de chant, et cela aussi marque le
temps...
4 juin. Le " Pélerin " donne un
concert à Chardonne, au profit du fonds des orgues et de la
bibliothèque publique. C'est l'occasion de faire cortège depuis
Jongny: Belle journée, arrosée tant au dehors par une pluie
d'orage diluvienne qu'au-dedans par de copieuses rasades. Quant
au bénéfice, ma foi, il s'élève à 8 fr. 95 !
6 octobre. Le premier directeur de la société,
M. Belet, démissionne et c'est M. W. Pilet, professeur à Vevey,
qui le remplace.
1883
4 mars. Seconde soirée, avec tombola. Mais,
cette fois-ci, une nouveauté: les chants sont entremêlés
de"représentations théâtrales assez bien réussies",
saynètes brèves, dont l'une en patois, début d'une longue
série de pièces qui feront pénétrer la connaissance et le
goût du théâtre dans nos campagnes et nos vignobles.
3, 4 et 5 juin. Fête cantonale des Chanteurs
vaudois, dans un Vevey fleuri et décoré comme pour une Fête
des Vignerons. Le "Pélerin " est en progrès : classé
en division populaire, il obtient le 16e prix sur 19 ! La fête
dure trois jours, et, le lundi, se termine par une
rafraîchissante excursion au Bouveret.
1884
Année sans histoire : la tombola les répétitions, un concert
public et la course d'été aux Salines de Bex et aux gorges du
Trient.
1885
La société, devant le succès de ses précédentes soirées,
décide de doubler ses représentations: l'une le samedi, l'autre
le dimanche, une initiative qui va se transformer en habitude. Il
faut dire que l'on dispose maintenant d'un rideau tout neuf
derrière lequel chanteurs, acteurs ou diseurs attendent, le
coeur battant, de paraître devant le public. Il faut préciser
aussi qu'à cette époque, les soirées ont lieu à la salle
d'école, située dans le bâtiment ou furent longtemps là
laiterie et la boulangerie, et ou se trouve maintenant le
carnotzet de la Société de développement. Local assez vaste,
mais peu aéré et ou régnait parfois une chaleur étouffante.
Mais les finances sont en baisse ! Et, par mesure d'économie, le
"Pélerin ", fidèle au proverbe "Selon ta bourse,
règle ta bouche ! " , décide de se retirer de la Société
cantonale des Chanteurs vaudois: Les dépenses occasionnées par
la participation aux concours cantonaux sont trop lourdes !
1886
Pour remplir la caisse, deux brillantes soirées, dont on
admirera la richesse du programme; dégustez ces quelques phrases
du pittoresque compte rendu qu'en fait le régent Bezençon:
" Aux churs du Pélerin alternèrent (sic) d'autres
productions musicales, puis des productions littéraires, en
vers, en prose, en français académique, en français des
halles, en patois romand; puis le vaudeville Brouillés depuis
Wagram vint clore cette première partie. La seconde, intitulée
Collation, fit sur plusieurs l'effet d'une de ses douces pluie
fertilisantes sur un sol desséché. Discours, chansons, rondes
et rondeaux se firent entendre jusqu'à une heure avancée de la
nuit. Au premier réveil du lendemain, plus d'un se tâta le
pouls pour s'assurer s'il était encore en vie; plus d'une tête
aussi, après cet examen, retomba sur l'oreiller pour demander au
sommeil les forces que réclamait une dernière apparition sur la
scène... "
Il faudrait dire encore ce que fut la course des 15 et 16 août
de cette année-là. Quels marcheurs ! La lecture seule de son
itinéraire donne soif ! Chardonne, le col de Jaman, Rossinière,
Château-d'Oex, ou l'on dort, puis les Mosses, le lac Lioson,
l'ascension du pic Chaussy en passant, pour se garder en forme,
et la descente par le Sepey jusqu'à Aigle ! D'accord, on prend
le train d'Aigle à Vevey, mais il faut encore remonter a pied !
A Chardonne, on finit la soirée au café, puis dans la cave du
syndic ! Des solides ! Il ne devait pourtant pas y avoir beaucoup
de monde dans les vignes, le lundi matin !
1887
Les finances sont meilleures, après une soirée le 19 mars. Le
"Pélerin" se place un petit capital de 500 francs au
Crédit du Léman ! Ce qui n'empêche pas l'assemblée de nommer
un lampiste, chargé d'alimenter en pétrole et de fournir en
tubes les lampes qui doivent éclairer les répétitions.
Il faut s'imaginer ces séances, en hiver, avec la chaude mais
faible lumière des lampes, et la grande ombre du directeur
multipliée contre les murs... Et le fourneau a bois que l'on
entend pétiller pendant les silences...
1888
5 février. Grandiose journée: le
"Pélerin" participe, à Vevey, à la proclamation de
la Fête des Vignerons de 1889. Sur la place de l'Hôtel de
Ville, éclairée à la lumière électrique "du plus bel
effet", le syndic Reller annonce la fête. M. Cérésole,
abbé-président de la Confrérie des Vignerons, remercie les
sociétés présentes et demande leur appui pour "la
réussite de la plus belle de nos
fêtes". Et puis, cet été-là, une de ces courses dans le
Jura, mes amis ! Un départ à minuit de Chardonne pour aller, à
pied, bien sûr, prendre le premier train du matin à Lausanne !
Il faut bien marquer ses 10 ans d'existence !
De plus, la société révise ses Statuts et n'omet pas de
terminer l'année par un banquet d'anniversaire dont on ne sait
ce qu'il faut envier le plus, du menu ou du prix !
1889
Des membres du "Pélerin " participent à titre
individuel à la Fête des Vignerons, cependant que la société
se donne un nouveau directeur en la personne de M. Bize,
instituteur à Vevey. A coté du chansonnier de Zofingue, c'est
dans le recueil de Hössli que les chants sont choisis.
1890
En mars, le "Pélerin" accompagne avec tristesse à sa
dernière demeure le pasteur Péclard, considéré comme son
père spirituel, en même temps que son conseiller et son ami
fidèle. La vie d'une société, c'est aussi cela : une liste de
présence, avec de petites croix, semaine après semaine, pour
marquer ceux qui sont là; et parfois, des noms qui
disparaissent, biffés; c'est un drapeaux qui est allé
s'incliner sur une tombe ouverte...
La soirée familière apporte un renouveau et un attrait
particulier: pour la première fois, les rôles féminins dans
les pièces sont tenus "par de véritables demoiselles et
non par des garçons" ! Cependant, la faible récolte de
1889 et les dépenses de la Fête des Vignerons ont forcé chacun
à restreindre ses dépenses. Le bénéfice de la soirée est
maigre.
Le jour de l'Ascension, participation à une vente en faveur de
l'installation d'un orgue au temple. La manifestation remporte,
cette fois-ci, un succès magnifique.
1891
Le nouveau pasteur, M. Brossy est nommé membre honoraire.
1er août. Le "Pélerin", après une
course mémorable en Gruyère, va célébrer le 6e Centenaire de
la Confédération. Chardonne est en liesse, comme tout le pays:
cortège, flambeaux, lanternes vénitiennes, le drapeau escorté
de membres habillés en Vieux-Suisses, des armaillis en costume.
Et, le lendemain, en char, la société va assister à une
représentation du Major Davel à Oron.
1892
13 mars. Jusqu'alors, l'entrée aux soirées
était gratuite et seule la tombola rapportait quelque
bénéfice. Cette année-là, on tente l'inverse: entrée payante
et pas de loterie. Le résultat est plus que médiocre !
Un ancien membre a émigré au Transvaal, en Afrique du Sud; Il
envoie à la société une superbe corne de buf, laquelle,
rehaussée d'argent, va devenir un emblème fameux du
"Pélerin ", qui nommera dorénavant, toute révérence
gardée, un porteur de corne. Est-ce cela qui lui donne le goût
de l'exotisme? Le"Pélerin " part pour l'étranger !
Pas très loin, il est vrai, puisqu'il se contente d'une course
aux Allinges, au-dessus de Thonon.
1893
Et les années passent: répétitions, élections, admissions,
démissions, réception et collation, soirée et verrée, rimes
riches ou pauvres, " le Pélerin" avance sur sa route,
rafraîchi de temps à autre par un verre de vin offert à
l'occasion du mariage d'un sociétaire ou d'une production à
l'église.
9 avril. La société unanime et sérieuse
s'immortalise en une pose dûment étudiée chez le photographe
Rebmann, à Vevey.
1894
Des grincements. Cela peut arriver. Le directeur, M. Bize, n'est
pas reconduit dans ses fonctions. Le régent de Jongny, M.
Michot, le remplace.
1895
De soirée en course et de course en soirée, le "Pélerin
" progresse: le bal de mars dure jusqu'à 4 heures du matin
! Lors de la sortie du mois d'août, I'on essaie la toute
nouvelle ligne du Bière-Apples-Morges, mais l'on grimpe aussi à
la Dent de Vaulion et, sur ce sommet, la chorale entonne ses plus
beaux chants qui "contrastent avec le tintement des
clochettes".
Tout va vite et lentement à la fois. Le monde change. Cette
année-là, Röntgen découvre les rayons X et les frères
Lumière réalisent le premier appareil cinématographique...
1896
12 janvier. En un cortège où figure presque
toute la population, l'on rend hommage à Pestalozzi, né 150 ans
plus tôt. Au temple, la société exécute une cantate en son
honneur.
24 et 25 août. Le "Pélerin" affronte
la grande ville. Il se rend à l'exposition de Genève, où,
d'attraction en découverte --on y voit déjà le
cinématographe--, il réussit quand même à se retrouver à la
pinte vaudoise, et y arrose ce que cette année pluvieuse a
encore laissé de sec.
1897
Le siècle des grands changements tire à sa fin. Adler a réussi
son premier vol en aéroplane. Le " Pélerin", lui, a
encore bien les pieds sur terre.
1898
24 janvier. Centenaire de l'Indépendance
vaudoise. Le matin, à l'église, le "Pélerin" chante
La Marche patriotique. L'après-midi, cortège et plantation d'un
marronnier sur la terrasse de l'église. Chaque enfant passe
devant l'arbre de la liberté et jette une poignée de terre dans
le trou. Un canon venu de Morges tonne sans relâche. On se rend
à Jongny pour continuer la cérémonie. PATRIE...
Après chaque soirée, la caisse de la société verse une
certaine somme au fonds de la Bibliothèque publique de
Chardonne. Rôle culturel du " Pélerin".
26 juin. M. Eugène Ducret, président pendant
10 ans, décline une réélection. Il est nommé président
d'honneur, et c'est M. Louis Forestier qui prend la présidence.
23 novembre. Moments de tristesse. La chorale
perd son directeur, M. Michot. Il sera remplacé par M. Cand,
instituteur à Chardonne.
29 décembre. Le banquet de fin d'année permet
de fêter le 20e anniversaire de la société.
1899
La dernière année du siècle s'écoule sans histoire pour le
" Pélerin ".
Il fait bon voir des gens, fidèles à leurs travaux comme à
leurs joies, contents de leurs soirées familières, de leur
course au Moléson, de la bouteille de vin partagée à la fin
d'une répétition.
Cependant qu'au-dehors roule le torrent de l'histoire: la guerre
des Boers en Afrique, l'Angleterre et la France qui finissent de
rafler le monde et qui ont bien failli entrer en conflit à cause
de Fachoda, les Etats-Unis qui étendent, non sans peine, leur
impérialisme sur les Philippines et l'Amérique centrale, la
Chine en ébullition.
1900
1er janvier. Comme le veut la tradition, le
"Pélerin "chante à 'église puis, invité par la
Municipalité, s'en va boire un verre au café de M. Ferdinand
Ducret.
Ainsi à commencé le siècle qui va donner la lune à l'homme...
Le 25 juillet 1900, il faut signaler un événement régional
l'entrée en service du funiculaire Vevey-Chardonne-Pélerin, qui
va intensifier les contacts entre les hauts et les bas du pays.
Il ne semble pas que le Pélerin ait pris part à l'inauguration,
mais le Buffet de Baumaroche devient une nouvelle étape pour les
sorties, témoin la fameuse virée improvisée du 24 novembre,
qui mériterait sa place dans la chronique.
1901-1902-1903
Les soirées, toujours plus fréquentées, font déplorer
l'exiguïté de la salle d'école qui tient lieu de salle de
spectacle et des voix se font entendre en faveur de la
construction d'un local plus vaste. Une somme de Fr. 200. --est
versée sur un fonds spécial destiné à l'édification d'une
grande salle.
14 avril 1903 Le "Pélerin " se
produit au temple pour marquer le Centenaire du canton de Vaud et
chante Pour la Patrie. Il faut mentionner, bien que les archives
de la société n'en parlent pas, qu'à l'occasion des fêtes du
Centenaire vaudois fut donnée à Mézières, dans la remise des
tramways, la première représentation de La Dîme de René
Morax, avec la participation de la population tout entière. Ces
débuts du théâtre populaire vaudois aboutirent en 1908 à
l'ouverture du Théâtre du Jorat. L'influence profonde que ce
genre de spectacle exercera mérite d'être signalée: rupture
avec le genre trop facile des "vaudoiseries " et avec
la tradition des pièces moralisantes. De même, la musique
chorale qui accompagne ses représentations dramatiques -- pour
La Dîme, celle d'Alexandre Dénéréaz--, influencera peu à peu
le goût des sociétés de chant du pays, au même titre que
l'influencera la musique des Fêtes des Vignerons. Pour
l'époque, elle représente un pas en avant non négligeable.
26 décembre La société fête le 25e anniversaire de sa fondation et, accessoirement, le 25e anniversaire de son directeur, M. Cand, par un banquet au Buffet de Baumaroche.
1904
6 et 7 août La course du "Pélerin"
dans les Alpes vaudoises, cet été-là, reste célèbre par le
récit en vers (38 quatrains, s'il vous plait! ) qu'en donne M.
François Grand.
29 octobre M. Henri Ducret prend la présidence.
18 décembre La société prend part à un
concert au temple, où se succèdent morceaux d'orgue, de violon,
et churs. Le bénéfice est destiné au fonds de la Grande
Salle, dont le besoin se fait de plus en plus sentir.
1905
Cette année est marquée par la célébration de la Fête des
Vignerons, à laquelle participent plusieurs membres du " Pélerin ". L'activité de celui-ci est quelque peu
ralentie.
1906
Les finances sont en hausse ! La société dépose150 francs au
fonds de la Grande Salle, augmenté son capital en banque et
consacré 300 francs à sa course annuelle, course de trois jours
à la Gemmi, au Simmenthal et en Gruyère, ceci pour compenser
celle de 1905, qui n'a pas eu lieu à cause de la Fête.
16 décembre La société donne un nouveau
concert à l'église en faveur de la Grande Salle et déborde de
lyrisme en exécutant: Lever de Soleil dans les Alpes, Chant du
Soir, Salut, ô Printemps et Salut, mon Beau Pays !
1907
La société, comme d'ailleurs d'autres oeuvres de la commune,
est l'objet des largesses d'un philanthrope français, M. Emile
Robin, fixé à Chardonne. Elle lui témoigne sa reconnaissance
en lui donnant une sérénade à l'occasion de son anniversaire.
1908
Dorénavant, la société se produit régulièrement à
l'église, lors des fêtes de Pâques, de Noël et du jour de
l'An. Le pasteur Brossy ne manque pas de relever les progrès
musicaux effectués par nos chanteurs sous la direction de leur
jeune et expert directeur, M. Cand.
En ce mois de juin ensoleillé, dans un Théâtre du Jorat tout
neuf, sentant bon le sapin, se joue à nouveau La Dîme de René
Morax. Cette fois-ci, le " Pélerin", embarqué sur
deux chars enguirlandés, s'y rend en nombre. Arrêts pour la
soif; repas copieux, l'euphorie est à son comble quand la
représentation commence, au début de l'après-midi. Un succès,
un triomphe ! Le "Pélerin" chante quelques churs
à la sortie"pour manifester sa reconnaissance aux
indigènes"... et rentre, non sans s'arrêter à la fête de
l'Abbaye de Palézieux ! Et voyez-les revenir, dans la douceur du
soir, au pas tranquille des chevaux, la tête pleine de chants et
d'images...
24 septembre Le goût des fêtes est revenu. Le
" Pélerin" décide de solliciter à nouveau son
admission dans la Société cantonale des Chanteurs vaudois. II
s'inscrit sagement en 3e division.
1909
5-6 juin La société prend part au concours de
Montreux, avec quelque succès, semble-t-il, puisqu'elle en
rapporte une couronne de chêne obtenue au concours d'exécution.
Août. Décidément, les mécènes ne manquent
pas à Chardonne ! Après M. Robin, qui renouvelle ses dons au
" Pélerin" et à la commune, c'est la famille de
Muralt qui invite la chorale à une collation au château, puis
lui offre une course au Sanetsch. La belle Époque !
Et pourtant, sous un ciel apparemment sans nuages, des
craquements se font parfois entendre : l'empire turc se fissure
de partout, la vieille poudrière des Balkans, où s'affrontent
les intérêts de la Russie, de l'Autriche, de l'Allemagne, de
l'Angleterre, fume déjà ! Et puis, en juillet, étrange Pélerin des airs, Blériot a traversé la Manche en avion...
Tout va si vite, et cependant le lac, les montagnes, les murs des
vignes sont là, comme éternels... bleu de l'eau, bleu de l'air
bleu du sulfate...
10 octobre La présidence passe à M. Joani
1910
26 juin Jour faste ! M. Robin remet à la
Municipalité de Chardonne un capital de Fr. 2500., dont
les intérêts doivent être affectés à la course annuelle de
la société de chant, ainsi que 100 francs pour la sortie de
l'année en cours ! Pluie de biens...
1er août On sait recevoir, mais on sait aussi
donner. Depuis quelques années le "Pélerin" anime la
cérémonie du 1er août. La collecte qui se fait à cette
occasion est versée à des communes suisses victimes de
l'incendie ou de l'inondation.
7 et 8 août Les moyens désormais mis à sa
disposition permettent au "Pélerin", pour sa course,
de s'en aller affronter la Mer de Glace (près de Chamonix),
avant de visiter Genève.
1911
1er et 2 avril Une date d'importance, non
seulement pour le "Pélerin", mais pour toute la
commune : l'inauguration de la Grande Salle tant
désirée,"confortable et moderne", aménagée pour
pouvoir servir de salle de spectacle, de local de répétition et
de halle de gymnastique. La société du "Pélerin" a
d'ailleurs bien contribué à cette réalisation: elle a paye
l'installation de la scène et acheté pour plus de 800 fr. de
décors et de rideaux. Elle fera en outre l'acquisition d'un
piano et d'un buffet pour ranger le matériel. Lors de la
soirée, où la partie théâtrale le dispute à la partie
chorale, il est rendu hommage à la cheville ouvrière de cette
édification, le président d'honneur Eugène Ducret, syndic de
Chardonne.
C'est un nouveau printemps pour le "Pélerin "...
27 octobre Mais ce n'est pas tout. 1911 fut la
grande année pour le village. En automne, c'est l'inauguration
du Collège, ce bâtiment caractéristique, visible depuis tout
le bassin haut-lémanique et qui permettra à Chardonne de ne
jamais manquer de locaux scolaires jusqu'à notre époque.
Cortège, allocutions, productions et collation...
1912
28 avril Concert d'arrondissement à Vevey.
26 septembre Le "Pélerin" se dévoue
lors d'une vente en faveur de la restauration du temple. Qu'il
soit redit ici combien la société est présente dans tout ce
qui concerne l'aménagement du village.
1913
Pendant tout le printemps, on répète pour prendre part au
Concours de Morges, et, en mai, le "Pélerin" peut
aller y gagner deux couronnes...
M. Emmanuel Ducret est nommé président.
26 octobre Belle collection de moustaches:
le"Pélerin " se fait photographier par M. Rebmann à
la Grande Salle...
Mais son directeur, M. Cand, malade, doit abandonner la baguette.
On fait appel à un autre instituteur, M. Lugeon.
Morges 1913
1914
Et vont commencer les années terribles... Comme un bois trop
sec. le monde soudain prend feu avec une rapidité que l'on ne
pouvait imaginer. Il y avait des années que le temps était
lourd, ainsi qu'avant un orage. Mais l'on est toujours surpris...
On sulfatait, dans les vignes, il a fallu tout laisser, sortir
les uniformes, partir précipitamment... Seules les choses, les
plantes, les oiseaux sont demeurés, indifférents dans la
beauté de cet été.
La plupart des chanteurs sont mobilisés, aux frontières. Les
répétitions cessent. Mais, pour maintenir la tradition, un
petit groupe d'anciens membres se réunit pour interpréter au
temple, le 1er janvier 1915, le chur La Sainte Alliance des
Peuples.
1915
A Pâques aussi, la société tient à ne pas faire défaut. Et
en septembre, elle prend part à un culte en plein air,
célébré pour la première fois à la Perettaz, sur Jongny.
Mais les répétitions s'espacent. Juste une petite course au col
de Sonloup.
1916
Les gaz, les chars d'assaut, Verdun, l'Europe en feu...
Mais il faut chanter quand même, marcher quand même, le
"Pélerin " ! ... On chante au 1er août, avec une
émotion particulière, on marche à travers la Gruyère, où
l'on retrouve la gaieté pour quelques bonnes heures.
1917-1918
Années creuses: début mars 1917, on tire la tombola. Le premier
prix est une pendule à coucou. Le citoyen gagnant, dans sa joie,
offre à boire à la société, cependant que les premières
heures marquées par son coucou seront celles de la grande
révolution russe, à Petrograd...
1919
La crise met du temps à s'apaiser: la grippe, la vague de
révolution qui vient rouler jusque chez nous, la division des
esprits. En cette trouble période, l'énergie de la Suisse
romande sauve le pays du découragement.
1er août L'émouvante manifestation patriotique
à laquelle participe le "Pélerin " comprend la remise
de médailles aux mobilisés de la guerre. C'est dire que plus de
la moitié du chur est en uniforme. Sont également
décorés par la Municipalité les vétérans de 1870-71.
1920
Après une courte présidence de M. Henri Chollet, M. Henri
Ducret reprend la tête de la cohorte. Cependant, d'autres
sociétés se sont créées à Chardonne.
31 octobre C'est le baptême du drapeau de la
jeune Section de gymnastique de Chardonne, cérémonie ou la
société du "Pélerin " figure comme marraine et offre
à sa cadette une coupe en argent.
1921
La fréquentation laisse à désirer et l'on est inquiet pour le
prochain Concours cantonal de Lausanne. Des chanteurs de
l'extérieur viennent renforcer le chur. Il faut dire que
le répertoire a évolué: c'est ainsi que nos choristes doivent
s'attaquer à un extrait d'Iphigénie en Tauride, de Gluck.
21-22 mai Les chanteurs ont fait un effort: du
Concours de Lausanne, la société, sous la direction de M.
Pitton, rapporte deux couronnes de lauriers et la mention
"excellent ".
5 juin Dans l'euphorie de la victoire, le
"Pélerin"se fait à nouveau immortaliser par le
photographe de service, M. Rebmann, et, le 10 juillet, se rend en
char à Mézières pour assister, au Théâtre du Jorat, à la
représentation du Roi David, de René Morax et Arthur Honegger.
C'est le contact avec une musique nouvelle, révolutionnaire. On
parle de " bolchevisme musical" ! Pourtant, le poème
dramatique de Morax inspiré de la Bible, révèle au monde un
grand compositeur de musique sacrée. Contrastes de Mézières:
le rustique des tables et des bancs de sapin avec le modernisme
des tendances... Révolution ou évolution
1922
Le "Pélerin " a renoncé à son banquet de fin
d'année. La soirée de mars sera peu fréquentée. Les temps
sont durs. Toute l'Europe ressent la crise économique qui suit
la guerre. Inflation, mécontentement. En octobre ce sera la
marche sur Rome, Mussolini au pouvoir.
20 avril Tristesse pour le "Pélerin",
qui perd son grand ami, le pasteur Charles Brossy, membre
honoraire.
10 novembre Le "Pélerin", qui n'a pu
prendre part à la cérémonie du 1er Août faute de directeur, a
la chance d'en trouver un nouveau en la personne de M. Georges
Reymond, instituteur à Chardonne, qui commence ainsi une longue
et brillante carrière.
1923
Tout le canton de Vaud, et surtout le Pays lémanique, célèbre
le bicentenaire de la mort du major Davel.
24 avril Au temple, après une allocution du
pasteur Dubuis, le "Pélerin " exécute la Cantate de
Davel, avec le concours (car il faut un chur mixte) de
l'Union chrétienne de jeunes filles de la localité et de deux
classes d'enfants. Puis, le 1er juillet, il se rend au Théâtre
du Jorat, par un temps radieux, pour assister à une
représentation de Davel (une des plus belles pièces qu'on ait
vues jusqu'à présent ), de René Morax et Gustave Doret.
1924
Année sans histoire, sinon que, pour la première fois, le
"Pélerin" effectue sa course en autocar...
10 décembre M. Jean Forestier devient
président de la société.
1925
Depuis quelques années, le 1er janvier ne se passe pas sans un
traditionnel vermouth offert au Café "Bon Vin", après
le culte. Une tradition qui durera...
A Pâques, exécution du chur A la Musique, de Franz Liszt,
avec accompagnement d'orgue.
16 et 17 mai Le Concours cantonal d'Yverdon voit
arriver 43 chanteurs bien préparés, mais qui seront pourtant au
comble de la surprise et de la joie en apprenant qu'ils
obtiennent deux couronnes de laurier avec mention
"excellent". Ils en reportent en bonne part l'honneur
sur leur infatigable directeur, M. Reymond.
1926
Le comité est porté de 5 à 7 membres, ce qui n'empêche pas
que l'on a de la peine à les trouver. La présidence passe à M.
Henri Pinget.
La société a des soucis avec la location de son piano et de ses
décors, très demandés par toutes les sociétés voisines à
l'époque des soirées.
1927
20 février. Le "Pélerin " participe
avec honneur à un concert d'arrondissement donné au Casino du
Rivage, à Vevey. La société est bien rôdée. Elle a ses
traditions, son esprit. Y apparaissent maintenant, jeunes membres
qui passent d'abord un sérieux examen d'entrée en présence du
chur, des hommes qui sont encore aujourd'hui de fidèles
amis du "Pélerin". Les soirées, fruits d'une longue
expérience, sont des spectacles goûtés dans toute la région;
et la "Feuille d'Avis de Vevey " en fait d'élogieux
comptes rendus. On y entend chaque fois un savoureux récit en
patois qui contribue heureusement à conserver quelque vie à
notre ancien langage.
1er août C'est à la fois la Fête nationale et
la "première " de la Fête des Vignerons. Le
"Pélerin" est là, bien que plusieurs de ses membres
soient enrôlés dans la troupe d'Automne. Cérémonie sur le
préau du Collège, que le mauvais temps vient interrompre !
Mais après les fêtes, qui se souvient de la pluie ? L'on n'en
garde que le soleil!
25 septembre La jolie chapelle de Paully est
inaugurée. Le "Pélerin " agrémente cette
manifestation par deux churs de circonstance. La fête
a-t-elle renouvelé le goût du chant?
Toujours est-il que de nombreux candidats chanteurs se
présentent.
29 octobre M. Henri Ducret reprend la
présidence pour la troisième fois. Longues discussions sur les
projets du nouveau drapeau.
1928
20 janvier Une commission pour la commémoration
du Cinquantenaire du "Pélerin" est constituée, sous
la présidence de M. Eugène Ducret, député. Sont prévus un
concert gratuit, une collation, un cortège et, bien sûr, un
banquet pour terminer.
11 mars Pour la première fois, la chorale se
rend à l'Hôpital du Samaritain et chante pour les malades.
3 juin Concert du Cinquantenaire. Tout a été
préparé dans la fièvre. Après le culte du matin, le concert
de l'après-midi présentait un programme très varié. S'y
succédaient morceaux de fanfare, churs, soli de soprano ou
de baryton, pièces pour violon et piano. Après l'inauguration
du Drapeau, le "Pélerin " interprète la cantate
Helvétie, de Plumhof. Parmi les artistes, on relevait le jeu de
Mlle Cand, pianiste, qui allait demeurer très attachée au
"Pélerin" ! La cantate fit beaucoup d'impression et
l'on félicita le directeur, M. G. Reymond, d'avoir osé mettre
en chantier et dominé une oeuvre de cette importance.
L'émouvante transmission du drapeau neuf, dont la société de
gymnastique était marraine, l'adieu au vieux drapeau, permirent
de rappeler à tous la devise que portait le nouvel emblème:
"Par l'harmonie des voix, l'union des curs ".
Puis ce furent, dans l'allégresse générale, des discours, des
collations, un cortège à travers le village décoré d'arcs de
triomphe et pavoisé. Le banquet final réunit 270 personnes
autour d'une douzaine de tables (construites pour l'occasion).
Là autour, un essaim de 25 gracieuses demoiselles du village,
portant le costume vaudois ou celui de la Fête des Vignerons,
chargées d'orner le cortège, de servir à la collation et au
banquet, et d'agrémenter la soirée de leurs chants.
Il faut voir ce qui a passé et voir aussi ce qui n'a pas passé.
Dans la giration toujours accélérée de l'histoire, ces
cinquante années ont apporté plus de changements que des
siècles, autrefois, n'en apportèrent. Pour la société de
chant, les locaux sont différents, finies les lampes à
pétrole, on va plus vite et plus loin; mais le cur est
resté le même: le sens de l'amitié, l'amour de la musique et
du chant, incarné dans ce groupe d'hommes autour duquel tourne
une partie de la vie du village.
L'amour, donc, du beau et du bien...
Et le "Pélerin", ce regard en arrière jeté, ce repos
pris, repart d'un bon pas, comme il l'a fait dans tant de ses
courses.
Un petit détail: peu après le Cinquantenaire, a lieu une
soirée familière à laquelle sont invitées une brochette de
ces fameuses demoiselles, qui "se font un plaisir de nous
égayer par quelques chants", chants auxquels ces messieurs
donnent la réplique. Il y a quelque chose dans l'air, et il
pourrait bien y avoir du nouveau dans un avenir pas trop
éloigné !
Repartir d'un bon pas ? Dès octobre, M. Reymond prépare sa
chorale pour le prochain concours. Dorénavant aussi, la
société se dote régulièrement d'une commission littéraire.
1929
Activité débordante.
7 mars Le "Pélerin" fait ses adieux
à son directeur honoraire, M. Cand, instituteur pendant plus de
30 ans à Chardonne, qui dirigea la chorale durant une quinzaine
d'années.
Mai Il donne à Corseaux et à Chardonne deux
concerts qui servent de répétition générale.
8 et 9 mai Concours cantonal à Aigle. Ah !
Cette atmosphère des concours, avec la tension de l'attente
avant de passer, le "trac" au moment de l'exécution
devant le jury, les supputations anxieuses avant la proclamation
des résultats: tout autre chose qu'une production en soirée,
devant les amis et les connaissances, si exigeants soient-ils. Et
puis, il faut étancher la soif créée par l'émotion tout en
conservant la voix juste: tout un art !
Brillants résultats, puisque la lecture à vue vaut au
"Pélerin" une couronne de laurier et la mention
"très bien", l'exécution une couronne de laurier et
la mention "excellent". La voie du progrès...
7 novembre M. Henri Ducret passe le fauteuil
présidentiel à M. Jean Forestier.
28 décembre Le banquet de fin d'année
enthousiasme les participants: il faut dire que M. Pierre Pelot
était major de table...
Aigle 1929
1930
Les mariages se succèdent au sein de la société, dont celui de
son directeur, M. Reymond, avec Mlle Juliette Cand. Il a été
décidé d'offrir dorénavant une petite channe en souvenir à
ces occasions. En décembre, on décide de faire réviser
entièrement le piano, qui a valeureusement servi jusque-là;
Soirées, bals, déplacements, il en a vu de toutes les couleurs,
le brave!
1931
6 février Décès du pasteur Dubuis, que le
"Pélerin" accompagne à sa dernière demeure.
26 avril La société et son directeur sont
couverts d'éloges par la presse, après le concert
d'arrondissement de Montreux, ou le chant d'ensemble fut dirigé
par Carlo Hemmerling.
16 août Renforcé de quelques anciens membres,
le " Pélerin" chante à la cérémonie du nouveau
pasteur, M. Paul Vittoz. La société reste fidèle à sa
tradition et prend une part active aux événements qui touchent
la paroisse.
21 novembre M. Charles Forestier est élu
président.
1932
Malade pendant toute la première moitié de l'année, M.
Reymond, directeur, est remplacé par M. Aug. Goy. A plusieurs
reprises, le "Pélerin" témoigne par une aubade son
amitié à M. Reymond, qui reprendra la baguette a fin juillet.
12 et 13 mars La soirée habituelle peut
cependant avoir lieu, grâce au dévouement de M. Goy.
Influence de la commission littéraire ? En tout cas, l'on a
abandonné les vaudoiseries, parfois lourdes et aux plaisanteries
de gros sel, pour une pièce de plus haut niveau, L'Ami Fritz.
Certes, le naturel du jeu y a perdu, et il est bien difficile
d'effacer un accent solidement ancré comme le nôtre pour
incarner un Alsacien ou un Parisien. Seulement, il faut savoir
entendre et sentir à travers les différences.
1933
Le "Pélerin" redouble d'activité: il se produit dans
deux concerts à Chardonne, dont l'un en faveur de la
restauration de la Grande Salle, il chante à des mariages, des
enterrements, à une assemblée du parti radical, à une visite
d'église. Tout cela le maintient en forme pour affronter le
concours cantonal de mai. Or, I'enjeu est d'importance: classé
jusque-là en tête de la 3e division, le "Pélerin"
s'apprête à concourir pour la première fois en 2e division.
27-28 mai Concours cantonal de Vevey. C'est à
nouveau l'appréhension de l'attente, le moment redouté (ou il
suffit d'un sourire et d'un coup d'il du directeur, au bon
moment, pour rendre confiance en soi à la chorale et lui faire
donner le meilleur), et enfin les résultats: pour l'exécution,
une couronne de laurier et la mention "très bien",
pour la lecture à vue, une couronne de laurier et la mention
"excellent". Les chanteurs acclament leur directeur.
Tout est pour le mieux en ce bel été! Pourtant, en Europe, de
lourds nuages s'amoncellent à nouveau.
Depuis janvier Hitler est au pouvoir en Allemagne, la SDN
s'effrite, l'URSS connaît la famine et les grandes purges, la
France est agitée par les luttes sociales.
1934
Une grande innovation à Chardonne: lors des soirées de mars, un
groupe de dames et demoiselles chante une Barcarolle de
Mendelssohn puis, en mixte avec le "Pélerin", exécute
le choeur Chante, Montagnard ! Tels sont les débuts d'une
collaboration appelée à durer. Encouragé de toutes parts, le
groupe féminin se constitue le 23 novembre sous le nom de
Chur de dames du Pélerin, avec l'accord (que l'on ne peut
qualifier d'unanime) des chanteurs, à qui l'on a bien précisé
qu'il s'agit "simplement d'une société de dames qui nous
prêterait son concours au moment ou le besoin s'en ferait
sentir"! Le Chur de dames élit une présidente en la
personne de Mme Juliette Parisod, se donne des Statuts et son
effectif atteint la vingtaine avant la fin de l'année.
II n'y paraît peut-être plus aujourd'hui, mais c'est un grand
pas accompli là. Avec l'entrée --par la petite porte! -- du
charme et de la délicatesse féminine dans la société, le
" Pélerin" va, peu à peu, cesser d'être un "
compartiment pour hommes seuls". Il y gagnera en finesse,
dans ses soirées, dans ses courses et dans ses productions.
A cette époque ou il ne saurait être question d'accorder un
droit civique quelconque à nos compagnes, c'est une petite
révolution.
1935
1er janvier. Dès le premier jour de l'An, au
cours d'une soirée en faveur de la restauration de la Grande
Salle, place est faite aux dames. II en sera de même à la
soirée du 2 mars, où elles interprètent seules quatre
churs, avec un léger "trac" bien
compréhensible, cependant qu'elles font merveille en formation
mixte avec Ah! Oui, que je suis à mon aise ! , de Carlo Boller,
qui demeure un succès de la société.
5 mai Il est vrai que les dames ne chantent pas
avec le "Pélerin" au concert d'arrondissement donné
à Blonay, mais elles y sont généreusement invitées !
Devant les menaces totalitaires qui se précisent en Europe,
s'affirme, d'abord discrètement, la volonté de défense
nationale de la Suisse.
23 juin Le Théâtre du Jorat reprend la pièce
de Morax et Doret Tell. Le "Pélerin" s'y rend et en
remporte une profonde impression.
1936
M. Charles Forestier demeure le dévoué président du
"Pélerin" cependant que Mme Baechtold préside le
chur de dames. Soirée en commun au printemps, productions
à l'église à diverses reprises, où le chur mixte chante
César Franck, Schutz et Bach, puis les dames seules Mendelssohn.
Mais il n'est pas question d'elles à la course. Resterait-il une
discrimination ? Une, en tout cas: après certaines
manifestations, le "Pélerin" va avec plaisir déguster
quelques verres de vin, alors que ces dames vont apprécier
"un très bon thé" !
Achat d'un nouveau piano, décision de rénover les Statuts,
souscription à l'Emprunt de Défense nationale: le
"Pélerin" va de l'avant.
13 décembre A Vevey, la société chante sous
la direction de Carlo Hemmerling une cantate de Plumhof,
Helvétie.
1937
6 mars. La soirée du "Pélerin" voit
le programme se partager fort équitablement entre les
productions du chur d'hommes et du chur de dames, qui
apportent fraîcheur et gaieté au spectacle. On souligne la
qualité d'homogénéité de la chorale, due à un travail assidu
et à la direction énergique et consciencieuse de son directeur,
M. Reymond. Voilà qui donne courage pour le concours cantonal de
Payerne.
8 et 9 mai Le Concours de Payerne fut un tel
triomphe que le procès-verbal du "Pélerin" n'en parle
même pas ! La presse s'en était chargée, sans doute ! Fort
heureusement, nous avons le récit des dames, qui avaient été
libéralement invitées à venir assister à la fête et qui en
avaient profité pour s'offrir leur première course en autocar.
Est-ce la présence de leurs beaux yeux ? Toujours est-il que le
"Pélerin" se surpasse: à la lecture à vue, couronne
de laurier, frange argent, mention "bien"; mais à
l'exécution, c'est une couronne de laurier, frange or, avec
mention "excellent ". Les commentaires sont des plus
élogieux": interprétation claire, intelligente,
séduisante à souhait". Le chur à choix est jugé
"d'une musicalité parfaite et certainement le point
culminant des productions de la 2e division, "
interprétation d'une musicalité subjuguante (sic)",
"pure merveille d'art complet et d'émotion ". Toutes
ces fleurs atténuent peut-être, qui sait, le léger sentiment
de culpabilité de ces messieurs qui, laissant leurs admiratrices
rentrer seules au bercail, s'en vont en car faire une course de
trois jours en Alsace!
Payerne 1937
1938
Pour mettre un atout de plus dans leur jeu, ces dames ont
décidé de créer un costume: une robe bleu clair, façon
paysanne, avec tablier et fichu blancs, ornés de chardons et de
chardonnerets brodes. Pour en payer une partie de l'étoffe (car
la façon dépend de leurs doigts de fées), elles vont donner en
mai leur propre concert, avec le concours de Mlle Anne-Marie
Grunder, violoniste.
26 février A la soirée du "Pélerin
", et pour la première fois, le chur de dames
apparaît dans son charmant costume. Dès lors, les amis du chant
dans la région prendront l'habitude de voir le bleu lavande du
Chur de dames égayer l'ensemble plutôt foncé des
messieurs.
20 avril Une première également: le
"Pélerin" et les dames vont enregistrer quelques
chants au Studio de La Sallaz, puis peuvent se
"réentendre". Mais, au soir, on rentre le cur
serré, car il gèle cruellement dans le vignoble.
1er Août Puis Jeune fédéral. Le chur,
dans son ensemble, participe avec ferveur à ces deux
manifestations.
Le ciel d'Europe s'assombrit de plus en plus. En mars,
l'Anschluss, puis l'affaire des Sudètes; en septembre, c'est la
conférence de Munich; des menaces planent sur les petits pays.
Déjà l'Autriche a perdu son indépendance. On chante donc avec
une conviction encore plus grande qu'à l'ordinaire la patrie et
la liberté.
1939
1er avril. Après les soirées très réussies
des 11 et 18 mars, la chorale se rend à nouveau à la Sallaz,
où elle enregistre 16 morceaux, dont 3 en italien. Cette
émission vaudra au directeur plusieurs lettres de
félicitations.
7 mai Concert d'arrondissement à Cully, où ne
se produit que le chur d'hommes.1er Août On célèbre et
l'on chante la Suisse libre.
En mars, la Tchécoslovaquie a été occupée ; en avril,
l'Albanie. Puis c'est le pacte germano-soviétique et, le 1er
septembre, l'invasion de la Pologne, qui déclenche le cataclysme
mondial.
13 novembre A l'assemblée générale, la
société se retrouve privée de plus de la moitié de ses
membres par la mobilisation. On décide de continuer quand même.
Il fait bon "se sentir les coudes" dans de pareilles
circonstances.
1940
Pendant les périodes ou M. Reymond sera mobilisé, il sera
remplacé à la direction par M. Samuel Dutoit.
17 février M. Reymond peut cependant conduire
la soirée annuelle qui obtient un succès énorme. Décembre Le
chur de dames va chanter chez quelques personnes âgées,
attention qui est fort appréciée.
1941
22 février Malgré les incertitudes et les
absences dues à la mobilisation, la soirée peut avoir lieu avec
succès. La conclusion du compte rendu dans le journal est
significative: "Nous constatons le réel privilège pour
Chardonne de posséder des sociétés telles que le Chur de
dames et le "Pélerin ", que leur chef dirige avec
bonheur du côté du beau et du bien. Le concours de ces forces
ne peut avoir que d'heureux résultats, tant au point de vue
social qu'artistique."
1er mai Le Chur de dames va faire
l'hommage de quelques chants à des notabilités, dont le
conseiller fédéral Celio, au Tea-room du Mont-Pélerin.
4 mai Concert d'arrondissement à Vevey, où les
deux formations font honneur à leur village et à leur
directeur. Tant dans les churs que dans les discours
prédomine la note patriotique.
8 novembre M. Charles Bidaud est porté à la
présidence.
25 novembre M. Eugène Ducret, membre fondateur
du "Pélerin" et président honoraire, est décédé.
La chorale accompagne ce grand ami du chant à sa dernière
demeure.
25 décembre Le Chur de dames participe à
la célébration de Noël.
1942
28 février. Les soirées annuelles se
déroulent normalement. Lors de la partie familière, on décerne
à M. Louis Forestier le titre de président honoraire et celui
de vice-président honoraire à M. Henri Ducret. M. et Mme
Reymond sont vivement remerciés de leur inlassable dévouement,
ainsi que M. Charles Forestier, président pendant 10 ans.
15 mars Le "Pélerin " sait penser aux
infortunes: après avoir donné, avec d'autres sociétés
locales, une soirée en faveur du Secours suisse aux familles
nombreuses, il va, ce jour, chanter pour les malades de Mottex,
du Samaritain et de la Providence.
19 avril Après plusieurs répétitions, c'est
à nouveau un enregistrement à la Radio. Décidément, le
"Pélerin" et ses Dames ont la cote. Dès cette
époque, que de fois les entendra-t-on chanter sur les ondes,
notamment dans l'émission du Disque de l'auditeur.
3 juin La mode est une chose, le Règlement en
est une autre; le Comité du Chur de dames doit rappeler à
ses membres les canons impératifs de la tenue du costume: 30 crn
du sol au bas de la robe, 15 cm du bas de la robe au bas du
tablier ! Ah mais! On sait s'aligner ! Il n'est pas encore temps,
les mini-jupes! ...
La guerre fait rage en Europe et dans un monde à feu et à sang.
Pouvait-on encore rire et chanter ? Non seulement on le pouvait,
mais on le devait. II a dû parfois faire bon chanter, à pleines
voix, attentif à des finesses de lignes, à des subtilités
d'intonation, pour oublier les bruits sinistres du conflit, le
fracas absurde des bombes et des obus. Chacun faisait des
sacrifices pour le pays, mais il en est un qui fut au-dessus des
forces des chanteurs: l'Office cantonal de l'Economie de guerre
demanda à la société défaire un effort en faveur du don des
métaux non-ferreux en se défaisant de ses channes, coupes, etc.
La, non ! Pas ça ! Le président décida qu'on attendrait un
appel plus pressant...
L'on s'entend bien pour chanter, mais pour les courses, chaque
formation va de son côté. Il n'y a que le directeur qui a la
chance de faire les deux!
15 novembre Concert fort bien réussi du
Chur de dames et de M. Eric Dutoit, violoncelliste.
18 novembre Service funèbre de M. A. Cand,
directeur honoraire, au cours duquel le "Pélerin "
rend un ultime hommage à celui qui l'a dirigé et animé pendant
15 années.
13 décembre Ces dames se rendent seules (mais
avec leur directeur) à la Sallaz, faire fixer leurs jolies voix
dans la cire docile.
1943
27 février et 6 mars. Deux soirées bien
réussies, au cours desquelles M. G. Reymond reçoit son diplôme
de directeur honoraire pour 20 ans de direction. Chaque année,
les sociétés de Chardonne, dans un élan commun, donnent une
soirée variée en faveur des familles nombreuses suisses.
7 mai Les deux sociétés mettent à profit un
nouvel enregistrement à la Sallaz pour aller chanter auparavant
à l'hôpital.
9 mai Concert d'arrondissement à Lutry, où le
chur mixte remporte un franc succès.
15 août Grande nouveauté: pour la première
fois, le " Pélerin" part en course en compagnie du
Chur de dames et, dit le procès-verbal, "l'essai n'a
pas du tout été désagréable"! Après une grimpée à
Nendaz, l'on se retrouve à Sion, en compagnie de la Chorale
sédunoise, reçue en mai à Chardonne. Et je vous laisse à
penser si le "valaisan", capiteux ou sec, coula à flot
et fit merveille!
8 septembre Le Chur de dames va chanter
devant la cure, en signe d'adieu et de reconnaissance au pasteur
Vittoz qui s'en va. Le 31 octobre, le chur mixte
participera au culte d'installation du nouveau pasteur, M. H.
Dony.
1944
4 et 11 novembre " Le " Pélerin " est toujours égal à lui-même: il garde comme un trésor
une rare qualité d'expression musicale. Une fois de plus à
l'occasion des soirées annuelles, la presse couvre d'éloges les
deux sociétés de chant et leur directeur.
28 avril Cela devient une habitude : la Radio
enregistre les dernières uvres étudiées par nos
chanteurs et chanteuses.
Août Malgré les belles paroles de l'an
dernier, le chur d'hommes s'en va en course seul, le
chur de dames organisant une sortie de son côté.
Novembre M.Reymond malade est remplacé par
M.A.Badan, instituteur. Cependant le cur de dame fête
fièrement se dix ans, un âge que l'on peut encore avouer !
Galamment, le " Pélerin " lui fait un cadeau en
espèces.
Cette année qui s'achève a vu la libération de la France
voisine, mais elle représente un paroxysme de la guerre. La
suivante verra encore bien des horreurs, avant que ne pointe
l'aube de la paix.
Heureux qui peut. En ce temps-là, conserver le goût à la
musique, au chant et au rire !
1945
29 avril concert d'arrondissement à Chexbres.
Succès encore une fois, mérité par tant de minutieuses
répétitions.
10 mai Ascension, mais aussi culte de
l'Armistice, auquel participe le chur mixte, avant d'aller
donner des petits concerts dans tous les hôpitaux de la région.
5 août Cette fois-çi, la course se fait en
commun à la Dent de Vaulion.
13 décembre La participation aux répétitions
chez les dames est bien meilleure que chez les messieurs. C'est
ainsi que le comité peut remettre à Mlle Marie Forestier, qui
n'a jamais manqué, un gobelet d'étain, tradition qui se
poursuivra.
1946
2 mars La soirée mûrement préparée, est un
succès. On y relève l'Alphabet de Mozart, pour chur de
dames, et Aubade, pour chur d'hommes. Quant au programme,
il est fort riche : une comédie en 2 actes, Coup de Foudre, et
une opérette qui restera longtemps dans les mémoires : A la
Croix Fédérale.
Les deux sociétés prennent l'habitude d'aller chanter, soit sur
leur propre initiative dans les hôpitaux régionaux, chez les
malades, pour des anniversaires, soit sur demande, à la Foire de
Vins, au Tea-room du Pélerin, lors de conférences. Ces
productions, trop nombreuses pour être toutes recensées,
apportent parfois quelque appoint financier aux caisses, Souvent
aussi, l'on chante au profit d'une uvre comme le Secours
Suisse d'Hiver, le Fond Général-Guisan ou le Village Pestalozzi
(pour lequel on recueille plus de 600 francs).
28 juillet Course mixte au Jaunpass.
28 novembre Le Chur mixte chante lors
d'une conférence du général Guisan à Chardonne
1er décembre Concert de l'avent à l'église
St-Martin, à Vevey, avec M.Demierre organiste.
1947
1er et 9 mars Nouvelle soirée à succès, où
l'on joue Eugénie Grandet, d'après Balzac. M.Reymond fête ses
25 ans de direction et reçoit un cadeau-souvenir.
29 mars Enregistrement à la radio, où l'on
devrait pouvoir, actuellement, reconstituer le répertoire
complet de cette époque.
14 et 15 mai Concours cantonal à Nyon : les
dames accompagnent en spectatrices le Chur d'hommes, puis
rentrent rapidement à Chardonne pour organiser la réception des
lauréats qui rapportent deux couronnes or et deux mentions
" excellent ".
24 août Joyeuse course commune au Niesen.
La société fait des efforts pour recruter des membres et de
bonnes voix. En fin d'année, une dizaine de nouveaux chanteurs
viennent se joindre au chur. M.Charles Forestier reprend la
présidence.
1948
28 février Soirée traditionnelle réussie ! Le
chur mixte l 'Apothicaire facétieux, de Vincent d'Indy, a
beaucoup de succès.
25 juillet A voir les divers mariages survenus
entre membres du Chur d'hommes et du Chur de dames,
l'on comprend que la course d'été soit effectuée " en
mixte " !
La chorale deviendrait-elle une agence matrimoniale? Après tout,
pourquoi pas? II n'y a pas de meilleur moyen de se connaître et
de s'apprécier que de participer ensemble au même effort
régulier et persévérant que requière l'art vocal. Donc,
course en " flèche rouge" à Bâle et Schaffhouse.
L'on fait plus de kilomètres, mais l'on marche moins
qu'autrefois. Pourtant, curieusement, la soif est toujours la
même.
10 novembre On enregistre la démission de M.
Henri Ducret, président honoraire, membre actif depuis 60 ans!
27 novembre Le "Pélerin" fête son
70e anniversaire par un banquet commémoratif.
18 décembre Pour marquer cet événement, la
société donne un concert classique au temple de Chardonne, avec
le concours d'un quatuor à cordes, de l'orgue et d'un groupe de
violonistes.
1949
5 et 12 mars Il est dans la vie des sociétés,
des périodes où les malheurs semblent s'accumuler.
Ainsi en fut-il des soirées de cette année. D'abord le
directeur, malade, dut quasiment sortir du lit pour venir
diriger. Ensuite, l'heroine principale de la pièce, Le Médecin
malgré lui, de Molière, tomba malade et dut être remplacée au
pied levé par une étudiante d'art dramatique de la région.
Enfin, le Chur de dames, entre les deux soirées, perdit
une de ses plus dévouées chanteuses, décédée subitement. La
Chorale, le cur serré, accompagna cette amie à sa
dernière demeure et, le soir même, maîtrisant son émotion,
chante impeccablement à la seconde soirée.
17 juillet Course mixte en Gruyère, après un
passage à Leysin, où la Chorale chante pour les malades.
28 août Non contentes de cette sortie, les
dames organisent, en plus, leur course "entre elles" au
lac Champex, ou elles connaissent d'héroïques aventures
nautiques...
18 décembre Le "Pélerin" et le
Chur de dames poursuivent la tradition du Concert de
l'Avent en présentant un programme qui va de Bach à César
Franck, de Haendel à Doret et de Palestrina à Henri Gagnebin,
avec un accompagnement d'orgue et de violon.
1950
17 janvier. Le Chur de dames est informé
de son admission dans la Société cantonale des Chanteurs
vaudois à partir du 1er janvier 1950. Il pourra donc concourir
en formation mixte à Montreux au mois de mai.
4 et 11 mars Soirées annuelles: "le
"Pélerin" touche là à un degré de perfection
rarement atteint. Il le faut bien pour envisager de se présenter
en 3e division de la Cantonale. La partie littéraire comprend
également un gros morceau: Mon Oncle et mon Curé, adapté du
roman de Jean de la Brète. Tout cela augure bien de l'avenir.
Entre mars et mai, plusieurs concerts à
Corsier, Chardonne (culte de Paques) et Jongny (pour le
conseiller fédéral Nobs), permettent de maintenir tout le monde
en forme. Attente fébrile et active des grandes journées.
17 et 18 mai Concours de Montreux. Disons tout
de suite que le directeur a gagné son pari: Ces dames, pour la
première fois, goûtent aux délices du trac... et du
soulagement une fois l'exécution terminée. Le"Pélerin
" remporte deux couronnes de laurier or avec mention "
excellent". Le Chur mixte obtient les mêmes
résultats. C'est un retour triomphal à Chardonne: les
sociétés amies conduisent le cortège jusqu'à la Grande Salle
ou coulent, fort tard, des flots de vin et de discours!
15 au 17 sept Après un tel succès, il ne reste
plus qu'à monter à Paris ! C'est ce que fait le
"Pélerin" en une course de trois jours, qui a été
jugée trop fatigante pour que l'on y invitât les dames ! ...
Retracer la conquête de Paris par les Chardonnerets remplirait
un volume, aussi la passerons-nous sous silence. Mais l'on en
parle encore dans les chaumières !
Quant aux dames, elles ont aussi eu leur récompense: le 27 août
déjà, "tel un charmant essaim de papillons bleus et blancs
", elles s'étaient envolées pour Evolène.
3 novembre M. Ernest Verdan est élu à la
présidence. L'activité du " Pélerin" se maintient de
façon variée jusqu'en fin d'année: réception de " l'Echo
du Léman ", d'Ouchy, boucherie ( !), deux porcs étant
sacrifiés et transformés en saucisses pour satisfaire aux
exigences de la trésorerie (mais aussi de l'estomac),
participation à une conférence de Frederic Fauquex, conseiller
aux Etats, concert de l'Avent d'une haute spiritualité et
soirée-saucisse ! Qui oserait encore dire, après cela, que l'on
s'ennuie à Chardonne?
1951
3 et 10 mars. Soirées de qualité, comme il
sied à une société qui a remporté de si hautes distinctions.
Mais une fâcheuse épidémie de grippe, en privant l'équipe
dramatique de 3 acteurs, faillit tout compromettre. Dans un
sympathique mouvement d'entraide, des membres de la Jeunesse
paroissiale d'Attalens, qui avaient joué la même pièce, purent
les remplacer au pied levé et contribuer ainsi à la réussite
de la soirée, tout en resserrant les liens d'amitié qui
unissent les deux villages.
27 avril enregistrement d'une série de
churs à Radio Lausanne, en une séance qui dure de 14
heures 30 à 19 heures !
Avril-mai-juin-juillet Et c'est à nouveau une
série de concerts à Jongny, à l'Hôtel Bellevue, au Mont-Pélerin et dans les hôpitaux. Et puis, ce sont des
réceptions où l'on accueille les sociétés amies, gymnastique
ou fanfare, au retour de leurs concours.
La vie coule, en ce doux pays de Lavaux, lieu privilégié d'un
monde qui a de la peine à se stabiliser. Cette année-là,
souvenez-vous, c'est le début de la guerre de Corée, bientôt
celle d'Indochine.
Truman décide de fabriquer la bombe H...
2 septembre "Toujours plus haut! "
Telle pourrait être la devise du "Pélerin " depuis
qu'il vole de succès en succès. Ce jour-la, la société la met
pratiquement en application: lors de sa course en autocar autour
du lac, elle s'arrête à Cointrin, où les amateurs prennent le
baptême avec un honnête DC 3, bimoteur à hélices. Certains en
sont à tel point marqués que, pour ne pas gâter ce souvenir,
ils ne sont jamais retournés en avion depuis lors!
Mais, comme dans toute société humaine, il y a des difficultés
: absences trop nombreuses, démissions dues à des mouvements de
mauvaise humeur, petits malentendus. L'on estime qu'il faudrait
alléger l'horaire des répétitions. En ces moments, il faut
toute l'énergie, la conviction et la diplomatie du président
pour redresser la barre et garder le cap.
30 septembre Le Chur de dames, beaucoup
plus serein, donne avec succès un concert. On y entend aussi M.
J.-J. Forestier qui déclame des poèmes, spécialement de C. F.
Ramuz.
1952
8 et 15 mars. Trentième année de direction de
M Reymond. Cela mérite d'être marqué ! Aussi les soirées
annuelles du " Pélerin " sont-elles particulièrement
soignées et réussies.
20 juillet "Pélerin " et Chur
de dames vont en commun à Saxon, déguster des abricots (mais
aussi d'autres produits locaux) et assister au festival "Les
chemins de la Terre", de Jean Daetwyler. Et c'est à nouveau
l'été, avec son 1er Août et son cortège, son feu au chemin
Rouge, avec un concert à l'Hôtel Mon-Repos et un autre à
Jongny.
6 septembre Le "Pélerin" rend hommage
au général Guisan, de passage chez des amis à la Baume.
25 octobre À l'assemblée générale, le
comité prend des dispositions pour 1953, année qui sera
marquée par deux événements importants: le Concours cantonal
de Lausanne et la célébration du 75e anniversaire du
"Pélerin".
1953
14 et 21 mars. Soirées annuelles qui permettent
de mettre déjà bien au point des oeuvres préparées en vue de
ce concours.
8 et 9 mai Concours de Lausanne: cette fois-ci,
les dames se lancent seules, en première division, où elles
obtiennent le 4e rang, une couronne de laurier or et la mention
"excellent". Le chur mixte, en 2e division,
obtient le 2e rang, une couronne de laurier argent et la mention
"très bien. Quant au "Pélerin" lui-même, en 3e
division, il atteint le 4e rang, avec couronne de laurier or et
un"excellent ".
Octobre La société avait l'habitude, depuis
plusieurs années, d'organiser le bal des vendanges en
collaboration avec la Société de gymnastique. Il sera
dorénavant procédé par alternance et, cet automne, c'est le
"Pélerin " seul qui s'en chargera. Des nécessités
financières l'y incitent. Mais la société ne pense pas qu'a
ses intérêts et fait un important versement à la Chaîne du
Bonheur.
21 novembre M. Paul-Henri Forestier est élu
président pour 1954.
20 décembre Concert du 75e anniversaire: le
programme était extrêmement riche. Il débuta par un chur
d'hommes, présentant entre autres un morceau exécuté au
Concours d'Yverdon en 1925. Puis ce furent des churs de
dames et enfin les churs mixtes. En seconde partie
intervenait un orchestre de cordes, flûte et piano, qui permit
de terminer par une Cantate de Bach pour chur mixte, soli
et orchestre. M. Charles Forestier, président du comité
d'organisation, présenta l'historique de la société et fit
l'éloge de son infatigable directeur, M. Georges Reymond, qui,
en 31 ans d'activité, sut conduire la Chorale aux sommets que
l'on connaît. Une réception officielle, présidée par M.
Ernest Verdan, suivit ce brillant concert. S'y exprimèrent de
très nombreux représentants du monde de la musique et de la
politique.
26 décembre Seconde partie de la
commémoration, un banquet aux chandelles réunit, ce samedi, les
membres du "Pélerin" et leurs familles, ainsi que
leurs invités. On y échangea, bien sûr, des discours, on remit
des cadeaux au directeur, applaudi avec enthousiasme, et à
divers membres distingués par leur fidélité. Puis ce furent
des productions, dont un petit chur d'enfants de membres,
dirigé par l'un d'eux, " le jeune François Forestier
" ! Le compte rendu ajoute:"La crise de recrutement
redoutée par le comité semble donc bien près d'être
conjurée!" Il y a des paroles prophétiques, tout de même!
1954
1er janvier. Et le "Pélerin " repart
pour un nouveau quart de siècle en chantant...
13 et 20 mars Infatigable, on vous dit ! La
Chorale donne deux soirées qui connaissent un plein succès,
musical et financier. Rameaux Le " Pélerin" donne un
petit concert en Bellevue, pour les 20 ans de mariage de M. et
Mme Pierre Pelot.
15 mai Toujours en Bellevue, on fête le mariage
de M. Jacques Vulliens.
Eté Concerts aux hôpitaux et à Jongny.
16 septembre Avec le reste de la population,
l'on prend congé du pasteur Henri Dony, un fidèle ami.
14 novembre Installation du nouveau pasteur, M.
Olivier Vuille, qui deviendra, lui aussi, un ami du chant et de
la Chorale.
Fin décembre Concert de l'Avent et
participation à la fête de Noël.
Il faut dire tous ces événements, qui attestent la présence de
notre société de chant dans la vie de tous les jours, dans
celle des familles, du village et de la paroisse. C'est en cela
qu'elle justifie son rôle et répond le mieux à sa devise
" Par l'harmonie des voix, l'harmonie des curs".
1955
8 janvier. Le Chur de dames fête son
vingtième anniversaire. Le bel âge ! Le "Pélerin"
lui offre un plateau à cette occasion.
5 et 12 mars Soirées annuelles données devant
un très nombreux public.
Avril, mai, juin La société, en pleine gloire,
donne plusieurs concerts: au Château de Chillon, à Corbeyrier,
lors du Giron des Chanteurs de la plaine du Rhône.
Eté Fête des Vignerons. Une bonne partie des
chanteurs se retrouvent dans le Grand Chur, d'autres sont
figurants, en général dans la troupe d'Automne. Après la
fête, autres concerts, rétrospectives de celle-ci, à Jongny et
à Aubonne: bonne occasion de ressortir son costume !
Une année bien remplie! Et il faut noter combien, une fois de
plus, la musique de la Fête des Vignerons marque d'une empreinte
neuve et durable le goût de nos sociétés de chant, habituant
l'oreille à certaines hardiesses peu communes jusqu'alors et
renouvelant leur répertoire.
4 décembre Une délégation du " Pélerin " se préoccupe des maintenant de la partie littéraire des
prochaines soirées. Elle arrête son choix sur Les Amours
d'Angélique, opérette de Mme M.-L. Trepey, autrement dit un
genre de théâtre particulièrement bien adapté à une
société chorale.
18 décembre Très beau concert spirituel au
temple de Chardonne. Les débuts d'année sont toujours
difficiles.
1956
Les membres ont de la peine à se remettre régulièrement et
fidèlement au travail. Pourtant, à l'occasion, il y a
exception: le secrétaire signale un record: 30 chanteurs
présents à la répétition ! Il souligne le plaisir tout
particulier qu'il y a de chanter en rangs serrés. Le travail
progresse rapidement et avec entrain.
12 janvier La société se prononce sur les
nouveaux règlements du Concours cantonal qui lui sont
présentés par ses délégués au comité central. Elle demande
que le temps de la lecture à vue soit porte de 2 à 5 minutes.
10 et 17 mars Soirée annuelle: malgré la
grippe, Les Amours d'Angelique se passent bien ! Chaque année,
des membres sont portés à l'honorariat. Il serait trop long de
les indiquer chaque fois et la liste en sera donnée à la fin de
cet historique.
13 avril L'"Echo du Forestay ", de
Chexbres, fête son 75e anniversaire. Le "Pélerin ",
particulièrement en forme, est invité et présente des
churs remarquablement bien exécutés: Il n'y a rien de tel
que l'émulation.
7 avril Une de ces soirées familières dont le
"Pélerin " a le secret: clichés de la Fête des
Vignerons, bien sûr, chants et productions diverses, un bon
repas bien arrosé et un petit bal, il faut cela de temps à
autre pour resserrer les liens dans une société.
Eté A nouveau, un programme de concerts très
chargé: Lausanne, au Congrès de l'Union fruitière, Hôtel
Mon-Repos au Mont-Pélerin, Jongny. Le"Pélerin " se
présente en costumes de la Fête des Vignerons, ce qui ne manque
pas d'ajouter à son succès. Les cachets obtenus dans les
concerts mixtes sont répartis: 40 % au Chur de dames et 60
% au " Pélerin " , qui supporte tous les frais
inhérents à l'organisation.
30 novembre Deux cochons sont transformés en
saucisses, à leur grand dam, mais pour le plus grand bien des
finances de la société. Reste à savoir si c'est de l'art... ou
du cochon !
9 décembre Le "Pélerin " chante en
mixte au culte et interprète la liturgie de communion de Pierre
Pidoux. C'est un exemple de cette collaboration entre le
Chur et son église, souhaitée par le pasteur Vuille, qui
participe d'ailleurs comme membre libre à l'activité de la
chorale.
1957
9 et 16 mars. Soirées annuelles: M. Reymond
atteint ses 35 ans de direction. Un cadeau et des fleurs
concrétisent les sentiments de reconnaissance et d'affection de
ses chanteurs et chanteuses. M. C. Parisod, qui depuis 30 ans
règle la partie littéraire des soirées, est aussi
chaleureusement remercié. Lors de cette soirée, on exécute Les
Etourneaux, chur qui a été dédié au "Pélerin
" par Carlo Hemmerling et Geo Blanc.
24 mars Lors d'une assemblée de délégués
cantonaux à Moudon, M. Reymond reçoit l'insigne de vétéran
cantonal. Et c'est à nouveau la préparation fébrile du
prochain Concours de Moudon, avec ses inspections préalables: M.
Rochat inspecte le choeur d'ensemble, M. Burdet le choeur
d'hommes.
Vendredi-saint et Pâques La Chorale chante à
l'église, notamment le magnifique Gloria, de Vivaldi.
28 avril Concert prélude à Chardonne, avec le
concours de la Société de chant de Cully: excellente
préparation au Concours cantonal. De même, le11 mai, concert
collectif au Casino du Rivage, à Vevey.
18 mai Fête cantonale à Moudon. Le concours
commence par l'exécution du chur mixte préparé en 50
minutes, puis des churs mixtes imposés et à choix.
Ensuite, mêmes épreuves pour le chur d'hommes. Et le
dimanche, après les churs d'ensemble, c'est la
proclamation des résultats: quatre couronnes de laurier or, avec
mention " excellent ". C'est encore un triomphe ! Je
laisse imaginer la réception qui fut faite à Chardonne !
30 mai-2 juin Après la peine, la détente.
Voyage du Chur d'hommes à Venise, avec visite de Milan.
Une réussite complète et l'occasion, pour beaucoup, de
découvrir l'art et la vie du pays du bel canto.
Au retour, la société doit, hélas, rendre les derniers devoirs
à M. Samuel Dutoit, ancien instituteur à Chardonne, qui fut un
temps son directeur, puis, le13 juillet, à M. Henri Ducret,
président d'honneur, un des plus fidèles serviteurs de la
Chorale.
Eté Traditionnels concerts à l'Hôtel du Parc,
à la Maison du Pélerin, au 1er Août, à l'Hôtel des
Trois-Couronnes, à Bellevue, à Jongny.
6 décembre Assemblée générale: M. Jean
Forestier est élu président d'honneur, cependant que son fils,
Paul-Henri Forestier, demeure président. On fait l'éloge du
Chur de dames, du précieux soutien qu'il a été pour le
"Pélerin " durant la mobilisation et de sa charmante
collaboration.
22 décembre Pas de concert de l'Avent cette
année-là, mais le "Pélerin" participe au culte de ce
dimanche soir.
1958
Très peu de renseignements sur cette année! Il semble qu'il y
ait un creux: diminution des membres, manque d'assiduité aux
répétitions.
On décide de reprendre une tradition quelque peu perdue, celle
d'aller faire des répétitions à Jongny.
Les soirées sont particulièrement animées, grâce à une
pièce vaudoise en un acte de MM. Jean-Jacques et François
Forestier, Reste avec nous, qui obtient un très vif succès.
Course en mixte à l'Arpille.
Une fête champêtre organisée par le " Pélerin "vient grossir un peu la caisse. En juin, concert à Yens,
avec l'"Harmonie " de ce village. Sympathiques
échanges...
Automne La Société organise le bal des
Vendanges, opération purement financière. Pas de concert
de l'Avent, mais le " Pélerin "chantera à l'église
au Nouvel-an.
1959
6 février. On décide de conférer le diplôme
de membre d'honneur à deux dames: Mmes Juliette Reymond et
Louise Forestier, en témoignage de leurs nombreux et précieux
services. Les soirées sont désormais précédées d'une
répétition générale où l'on admet les enfants, ce qui permet
de gagner de la place aux représentations proprement dites.
Celles-ci ont lieu les 7 et 14 mars devant des salles combles.
26 avril Départ en car pour Pully, au Concert
d'arrondissement, ou le "Pélerin" et son Chur de
dames chantent en trois formations, se taillant un beau succès.
Eté Désormais traditionnels concerts du 1er
Août et dans les hôtels du Mont-Pélerin.
29 et 30 août Une grande fête villageoise, qui
réunit toutes les sociétés locales, est organisée au profit
du matériel de la Grande Salle. Devant les nombreuses activités
de cet été, on renonce à la course.
19 septembre Nos chanteurs se produisent sur le
préau du Collège, dans un cadre bien digne de la "Journée
du vignoble vaudois"! Puis, bal des Vendanges et boucherie
alimentent la caisse. Les répétitions reprennent avec ardeur en
novembre et décembre.
1960
1er janvier. L'année commence par des chants,
au temple, puis au Café Bon-Vin. Il faut dire que, depuis
longtemps, ce lieu sympathique, aux destinées duquel préside M.
François Ducret, solide chanteur, est devenu en quelque sorte le
" stamm " du " Pélerin", qui y possède,
dans la petite salle à l'étage, son armoire à trophées et ses
souvenirs.
Le "Pélerin " décide de renoncer à une course
prévue en France, dans une petite localité, pour en faire une
"de sorte" I'année suivante, après le Concours de
Morges. Sagesse ou fatigue ? Ce printemps-là, il entoure deux de
ses jeunes membres qui se marient. C'est en de pareilles
occasions que se manifeste le mieux l'amitié dont parlent les
statuts.
Eté Cinq concerts animent l'été. On est loin
de l'époque où cette saison était en priorité réservée aux
travaux des champs et de la vigne et où l'activité de la
société était complètement arrêtée. Ajoutons à ces
concerts une kermesse dans le verger du château.
Et l'année se termine dans la perspective du futur Concours
cantonal.
1961
Les temps changent... Constatant la difficulté de trouver des
acteurs pour la partie littéraire de la soirée et les frais
considérables du montage d'une pièce, on sollicite la
collaboration de plusieurs sociétés littéraires de la région.
Il y a quelque chose qui se perd: ce plaisir, quand le rideau se
levait, de reconnaître, sous un savant grimage, dans un costume
de troupier ou de marquis, la tête de tel ou tel membre de la
société, ou encore, déguisée en soubrette ou en élégante
américaine, telle ou telle charmante Chardonnerette, quand ce
n'était pas un accent familier qui faisait dire tout à coup:
" Mais, c'est Jean-Pierre ! " ou " Tu as vu, c'est
Joselle ! " Et les voilà qui étaient, pour une heure, tout
différents et en même temps semblables. Magie du théâtre...
4 et 11 mars Toujours est-il que les soirées
eurent lieu malgré une épidémie de fièvre aphteuse dans la
région (il y avait encore pas mal de vaches au village, voila 17
ans). La salle, pour une fois, n'était pas comble...
Le Cercle littéraire de La Tour-de-Peilz joua deux pièces, dont
Les Petits Plats dans les Grands, de William Aguet.
Le printemps se passe dans la préparation
intense du concours: on va " s'écouter " à la Radio,
qui a enregistré certains morceaux difficiles, les Chansons
populaires yougoslaves, on donne des concerts pour entretenir la
voix, plus un petit bal-tombola pour entretenir la caisse.
6-7 mai Fête cantonale de Morges. Un samedi
bien rempli, avec le matin la lecture à vue et l'exécution en
hommes, l'après-midi le chur à choix et le chur dit
"de cinquante minutes". Puis, c'est la fête, jusqu'au
cortège du dimanche et à la proclamation. Les Chardonnerets
rentrent une fois de plus en triomphe, chargés de quatre
couronnes or.
Mai Dans l'élan, ce sont encore deux concerts
au Mont-Pélerin, ou le "Pélerin" interprète entre
autres le chant de la landsgemeinde d'Appenzell, qui déchaîne
les applaudissements frénétiques de Suisses allemands
présents, rendus indulgents à la prononciation des Vaudois par
les produits de nos coteaux.
22 juillet La Chorale, en compagnie du
Chur mixte de Yens, va, par surprise, agrémenter le
dessert du repas de noces de François Forestier.
Cependant, les concerts se multiplient dans la région. On
comprend que certains membres ne puissent suivre le rythme et que
le " Pélerin" se retrouve parfois à dix chanteurs, ce
qui oblige à "en mettre un bon coup "!
29 novembre Le "Pélerin" chante les 3
Psaumes dits "de Lausanne" au culte commémoratif du
450e anniversaire de la naissance de Pierre Viret.
En fin d'année, la société envisage diverses mesures pour
recruter de nouveaux membres.
1962
3 et 10 mars. La soirée offre au public un
oratorio populaire de Carlo Boller et Maurice Budry, Pays du Lac,
sous la direction toujours alerte de M. Reymond, dont c'est la
40e année de "baguette". Dans l'émotion générale,
celui-ci reçoit une pendule neuchâteloise et de nombreux
témoignages de reconnaissance. A nouveau, ce sont des "
étrangers ", la Compagnie du Lycéum, qui assument la
partie littéraire.
Et puis, c'est une nouvelle année, avec tous ses concerts, dont
un offert au Conseil fédéral en ballade annuelle, et une course
mixte dont l'originalité fut son itinéraire-surprise dans le
Jura
9 novembre M. Charly Ducret est élu président.
L'on décide, pour redonner de l'élan à la Chorale,
d'entreprendre l'étude d'une opérette qui sera jouée par des
membres du chur lors de la prochaine soirée.
M. Reymond, malade, est remplacé en fin d'année par M. Buffat.
1963
9 et 16 mars. L'opérette est une réussite! Les
Deux Moulins, de M.-L. Trepey et Paul Lavanchy, laissent un
souvenir durable, tant à ceux qui en furent les brillants
interprètes qu'aux spectateurs ravis.
Pâques Le Chur mixte chante deux oeuvres de circonstance
à l'église.
12 mai Au Palais de Beaulieu, concert du 3e
arrondissement, où la Chorale se produit sous ses trois
formations habituelles. Courez par la plaine, de Rameau, Guitare,
de C. Boller, Matin, Midi, Soir, de Haendel et La Cigale et la
Fourmi, de Gounod, furent les grands moments de son répertoire.
11 juin A l'assemblée générale, une nouvelle
de première importance est communiquée à la Chorale: M.
Georges Reymond, après 41 années de direction, fait part de sa
décision de cèder sa place. M. Charles Forestier,
vice-président d'honneur, retrace l'activité de ce directeur
infatigable et en souligne l'essentiel: avoir amené le
"Pélerin" à une perfection, tout en créant à ses
côtés l'heureux complément qu'est le Chur de dames. M.
Reymond reste à la tête du chur jusqu'à la fin de
l'exercice.
Eté Concerts dans des établissements de la
région. Si certains sont très appréciés, d'autres rencontrent
une certaine indifférence d'un public de clients peu sensibles
à l'art choral. Un concert au début d'août est annulé à
cause des dégâts causés au vignoble par l'ouragan du 3 août.
Quand le cur n'y est pas...
28 juillet Nostalgique de certaines courses
d'antan, le "Pélerin" a décidé de refaire une sortie
" entre hommes " au lac de Tracouet, en Valais.
L'atmosphère y est certes différente, le "boire" plus
abondant. "C'était quand même une belle course!"
Quand même? Regretterait-on, tout au fond du cur, le
charme féminin ?
Août Dure tâche que celle du comité: trouver
un remplaçant à M. Reymond. Après bien des démarches, le
choix s'arrête sur M. Lucien Genoux, instituteur à la
Tour-de-Peilz.
4 septembre Dernier concert dirigé par M.
Reymond, à l'Hôtel Mon-Repos. On présente M. Genoux à la
Chorale.
28 septembre Emouvante soirée d'adieu. La
société au grand complet rend hommage à son directeur. Chef
exigeant, ennemi de l'à-peu-près, M. Reymond a demandé de gros
efforts à ses chanteurs mais il a aussi payé de sa personne.
Les témoignages de reconnaissance s'adressent aussi à Mme J.
Reymond, toute dévouée à la cause du chant, qui l'a toujours
précieusement secondé. Une dernière fois, malgré l'émotion
qui étreint tout le monde, chanteurs et chanteuses suivent, au
doigt et à l'il, la direction de M. Reymond, en y mettant
le meilleur d'eux-mêmes.
Mélancolie du temps qui passe... Journées de soleil, puis
journées grises. Les vignes ont bien souffert, cette année !
Aussi le bal des vendanges ne sera-t-il que le bal d'automne...
Les feuilles tombent...
Décembre Un beau concert de l'Avent, pour que
la lumière brille à nouveau.
1964
Durant cette année, les statuts du "Pélerin" sont
révisés et la nouvelle rédaction adoptée. Une annexe réglera
les rapports administratifs entre le chur d'hommes et le
chur de dames.
Eté La Chorale prend une part importante à
la"Journée de Chardonne" dans le cadre de l'Exposition
de Lausanne.
Et la vie traditionnelle de la société se poursuit, enrichie
par la collaboration avec la "Jeune Harmonie" de La
Tour-de-Peilz, et marquée de quelques concerts réussis, pour
autant que la concision extrême des procès-verbaux permette de
le deviner...
21 novembre 30e anniversaire du Chur de
dames, que nos chanteuses fêtent au cours d'un souper-saucisse.
1965
Cette année sera marquée par la démission de M. Genoux, pour
raisons de santé, et la recherche d'un nouveau directeur...
tâche peu aisée. M. Maeder, directeur de la chorale "
L'Avenir ", de Prilly, est finalement nommé. Cependant, M.
Genoux accepte de mener le chur jusqu'à la Fête
cantonale.
Printemps La soirée a été un gros
"morceau ": 18 choeurs, pour la partie musicale, une
pièce en 3 actes pour la littéraire. La Chorale tout entière a
fourni un gros effort qu'il semble difficile de renouveler.
21-22 mai Fête cantonale à Yverdon: les
résultats obtenus au Concours sont excellents, dus, en partie,
à la bonne discipline dont ont fait preuve les chanteurs. A son
retour, la Chorale est chaleureusement reçue par les sociétés
du Cartel, au sein duquel règne une heureuse harmonie.
Fidèle à une ancienne coutume, pour se remettre des fatigues du
Concours, le chur d'hommes part en course: 4 jours à
travers l'Allemagne, que l'on atteint en train, où l'on effectue
en bateau la descente du Rhin jusqu'à Cologne et que l'on
parcourt en car. Belle occasion d'examiner de près d'autres
régions viti- et vinicoles que la nôtre et de faire
d'abondantes expertises... cependant que l'on croise les
fantômes de Wagner, de la Lorelei, de Beethoven et de Bismarck.
Et les dames? Direz-vous. Le mystère le plus complet! Elles ont
égaré leur livre de procès-verbaux de l'époque!
Eté Comme d'habitude, concerts à Jongny et au Mont-Pélerin. Mais les finances ne sont guère brillantes.
Automne On ne peut citer tout le monde. Mais il
faut dire qu'en cette fin d'année, M. André Buffat, qui a
assumé pendant longtemps la tâche obscure, mais combien
précieuse de vice-directeur, reçoit son diplôme de membre
honoraire; que M. Charles Forestier et Fritz Horaczek reçoivent,
pour 35 ans d'activité, la distinction de membre vétéran
cantonal.
1966
Année sans histoire: un bal le 1er Mai, une course mixte, une
série de concerts...
28 avril La société enregistre ses productions
récentes à la Radio.
Une gentille soirée familière réunit les membres au sous-sol
de la Grande Salle. De bons moments.
En cours d'année, le " Pélerin " doit rendre un
dernier hommage à M. Edouard Forestier, membre vétéran
cantonal.
1967
Encore une année sur laquelle le procès-verbal est plus que
laconique...
1er et 8 avril Soirées. Plusieurs concerts dans
la région.
9 juillet L'harmonie règne entre les
churs d'hommes et de dames. C'est en tout cas ce que laisse
supposer une course surprise qui va conduire tous nos oiseaux
chanteurs à Chamonix, puis a Genève.
1968
L'an débute par une soirée-saucisse. La société entame sa 90e
année: il s'agit de marquer l'événement.
16 et 23 mars Les soirées annuelles sont
complétées d'un concert le vendredi 22 mars: la société
exécute des extraits de la Fête des Vignerons 1955, avec le
concours de Rose Dobos, pianiste, Charles Jauquier, ténor,
Yvonne Perrin, soprano, Robert Roulin, récitant et baryton, et
d'un choeur d'enfants préparé par M. Pierre Emery, instituteur.
Cette manière de rendre hommage à Carlo Hemmerling et de faire
revivre le merveilleux souvenir de la Fête obtient un succès
triomphal.
29 juin La Chorale se produit à Vevey, pour la
Société valaisanne en Suisse, et renouvelle son brillant
concert de mars.
M. A. Maeder, directeur, démissionne. La direction d'une
société en trois formations est une lourde tâche, et il n'est
pas facile de trouver quelqu'un qui veuille l'assumer. On songe
à réduire le programme pour faciliter la candidature d'un
directeur. Finalement, M. P. Corthesy accepte de diriger la
société en mixte, mais non de la préparer pour le futur
Concours de La Tour-de-Peilz en 1969. Cette situation est
déplorée par M. G. Reymond, ancien directeur, et par M. Ch.
Forestier, ancien président.
15 juillet Course mixte.
Automne La société organise le bal des
Vendanges, qui pose parfois des problèmes de police et de
nettoyage, vu le public particulier que l'on y trouve.
1969
18 janvier. Le véritable souper du 90e
anniversaire permet de bien commencer l'année. La société,
n'ayant pas de directeur attitré, ne se présentera pas au
Concours de La Tour-de-Peilz. Mais la préparation des soirées
peut se faire normalement.
Vendredi-Saint Le "Pélerin "
participe au culte.
8 avril M. Henri Delafontaine est nommé
directeur de la société.
1er juin Course du chur mixte au lac Bleu:
de ces journées qui valent quelques bonnes répétitions, tant
on chante!
Une heureuse tradition qui se conserve, celle de consacrer un
dimanche après-midi à une tournée dans les hôpitaux de la
région pour apporter courage, chaleur humaine et divertissement
aux malades. Pourtant l'effectif est en baisse. A la fin de
l'année, le chur d'hommes ne compte plus que 18 chanteurs.
Serait-ce que les choses changent trop vite ? Que l'homme est
inconstant, qu'il a envie d'autre chose, d'ailleurs ?
Souvenez-vous : cette année-la, le 21 juillet, abandonnant pour
la première fois cette vieille terre qui l'avait vu naître, il
mettait le pied sur la lune. Pourtant, dans la douceur de la nuit
d'été, rien n'était changé, les vignes formaient patiemment
leurs raisins, il restait des raisons de chanter...
1970
La Chorale commence l'année en participant au culte du jour de
l'An et à celui du 11 janvier.
17 janvier Le Chur de dames renouvelle sa
sympathique soirée-saucisse.
7 et 14 mars Soirées traditionnellement
réussies, mais le public est en diminution.
3 mai La Chorale participe comme société
invitée au Giron de la Riviera, qui a lieu à Chexbres.
Août Après les divers concerts de l'été, une
broche rassemble joyeusement les membres des deux churs au Mont-Pélerin.
6 septembre Course en car à Grimentz et au lac
de Moiry.
Et l'année finit en douceur: le "Pélerin" se
doute-t-il que c'est la dernière fois pour lui en tant que
chur d'hommes seul?
1971
6 et 13 mars Soirées, dont la partie
littéraire, une série de sketches humoristiques dus à M. Henri
Delafontaine, contribue à assurer le succès.
Eté Nouvelle série de concerts destinés aux
hôtes de notre région.
Automne Le "Pélerin" s'associe au 25e
anniversaire de la Fanfare de Chardonne-Jongny. Mais de grands
événements se préparent. Il faut le dire: depuis quelques
années, la barque du "Pélerin " était en
difficulté; diminution du nombre des membres, problèmes de
trésorerie, manque de stabilité dans la direction. Le temps des
grands triomphes, des lauriers à la brassée, semblait révolu.
D'où, à diverses reprises, de timides projets de fusion,
d'abord avec des sociétés de chur d'hommes de la région.
Cela permettrait peut-être de résoudre la question du
directeur, de réaliser des économies, de préparer
éventuellement le concert d'arrondissement. Mais cela créerait
d'autres problèmes relatifs aux déplacements, à la présence
aux répétitions et, surtout, au refus de certains membres
devant cette éventualité.
Une autre solution, alors, est peu à peu suggérée par le
comité: une fusion avec le Chur de dames. L'on y verrait
les avantages suivants: rationalisation de l'activité,
uniformisation, diminution de certaines dépenses, suppression
des calculs de répartition de certains bénéfices. On précise,
pour rassurer quelques inquiets, que les courses pourraient se
faire en hommes, en dames, ou en mixte!
Un comité mixte est nommé en juillet pour étudier de nouveaux
statuts. II conclut que le chur d'hommes, ce vieux garçon
de 93 ans ne peut plus vivre seul ! Il y a, chez certains anciens
membres (et ancien directeur!) une solide opposition. Mais il
semble que la fusion soit la seule issue raisonnable à la
situation présente. Le principe d'une fusion avec le Chur
de dames est donc admis par les membres à la quasi-unanimité.
Un projet de Statuts est distribué.
22 septembre M. H. Delafontaine, très pris par
ses obligations militaires, est remplacé par M. François
Forestier.
29 septembre Séance mémorable: les deux
sociétés, réunies au sous-sol de la Grande Salle, adoptent les
nouveaux Statuts et acceptent la fusion en une nouvelle société
qui s'appellera Société chorale "Le Pélerin " de
Chardonne-Jongny.
Après une longue fréquentation de 37 ans, le " Pélerin" et le Chur de dames convolent en justes
noces ! Mariage de raison et d'amour !
1er octobre Devenue une nombreuse assemblée, la
société revoit point par point ses Statuts et procède à des
élections. M. P.-H. Forestier se retrouve porté au fauteuil
présidentiel. Mme Simone Broyon est élue vice-présidente. Les
"Trésors " de l'ancien Chur de dames servent à
créer un fonds des costumes.
Décembre La société, après tant d'émotions,
ne peut préparer le concert de l'Avent, mais participe à un des
cultes de décembre.
1972
15 janvier. L'année commencera par une partie
familière et un petit repas. Et l'activité de la société,
rajeunie par son mariage, repart de plus belle: soirées
annuelles, concert d'été.
8 et 9 juin Le "Pélerin " organise le
concert d'arrondissement. 500 chanteurs et 150 enfants
exécutent, sous la direction de François Forestier, Les Très
Riches Heures, de Robert Mermoud. Une douzaine de sociétés se
produisent au cours du concert.
Septembre Lors de l'assemblée générale, la
société porte M. Charles Forestier à la présidence d'honneur,
cependant qu'elle rend hommage à la mémoire de M. Jean
Forestier. M. François Forestier, directeur, présente les
avantages qu'il y aurait à collaborer avec l'" Union
chorale "de La Tour-de-Peilz pour préparer un concert
classique ( Bach, Haydn, Haendel ), ce qui n'empêcherait pas de
réaliser une soirée dite "folklorique".
30 septembre Participation à une kermesse de la
paroisse de Chardonne.
Décembre La société termine l'année en
chantant au culte, puis à la Maison du Pélerin.
1973
24 mars. Soirée à Chardonne: après deux
choeurs à capella, le "Pélerin" et "l'Union
chorale" de La Tour-de-Peilz, accompagnés de solistes,
présentent la Messe de Saint Nicolas, de Haydn, puis, après une
partie littéraire due à des amateurs de Clarens, le Te Deum
d'Utrecht, de Haendel. Succès sans précédent!
6 mai Concert à la Tour-de-Peilz, qui permet de
réentendre les très belles ouvres données à Chardonne, mais
cette fois-ci, et pour la première fois, en collaboration avec
l'Orchestre de Chambre de Lausanne. Ce concert sera retransmis en
juin par la Radio romande.
Juillet Plusieurs concerts dans la région.
23 septembre Le "Pélerin" prend part,
au temple, à la dédicace des nouvelles orgues. Et l'on se
prépare à se présenter, en 3e division mixte, au Concours
cantonal d'Aigle 1974.
16 novembre Bal du vin nouveau, une véritable
réussite !
1974
23 mars. Soirée annuelle dont le programme est
encore enrichi de plusieurs churs d'enfants préparés par
M. Fr. Forestier.
27 avril Un concert de préparation à la
Cantonale a lieu à la Tour-de-Peilz. Son bénéfice ira à
l'Hôpital de Mottex.
Mai Expérience enrichissante de la
participation à la Cantonale d'Aigle. M. Jacques Schaechtelin
assume la présidence.
14 juillet Rallye et journée familière au
chalet de M. P.-H. Forestier, "En Planches ".
8 septembre Installation du nouveau pasteur M.
Germain Nicole.
Fin d'année Le " Pélerin " entame la
préparation du Magnificat de K.P.E. Bach, qu'il pense donner
avec l'"Union chorale" de La Tour et la collaboration
de l' O.C.L.
1975
Les finances sont toujours chancelantes. Mais le programme
d'étude des churs est fixé longtemps à l'avance. Pour
cette année, il est prévu de faire apprendre au chur
d'enfants 4 morceaux des Fêtes des Vignerons de 1889, 1905, 1927
et 1955 ; au "Pélerin", 3 churs également
extraits des Fêtes, ceci dans la perspective de celle qui se
prépare.
19 avril La soirée présente les oeuvres
précitées, ainsi qu'un passage de la Cantate pour un 10 août,
de Jean Balissat; en seconde partie, le Magnificat de Bach. En
troisième partie, M. R. Mermoud dirige le groupe"Ars
Laeta" dans un choix d'uvres modernes.
11 mai Reprise de ce concert à la
Tour-de-Peilz. Mme Françoise Ryter devient présidente de la
Société Chorale " Le Pélerin ". D'ores et déjà, 34
membres se sont inscrits pour la future Fête des Vignerons.
Et, à nouveau, la société connaît une activité débordante.
Les répétitions auront bientôt lieu dans l'agréable salle du
Conseil communal, dotée d'un excellent piano, propriété de la
chorale.
1976
Il devient impossible d'énumérer toutes les manifestations
auxquelles prend part la Société. De nouveaux membres la
rejoignent en vue de la prochaine Fête des Vignerons, dont la
préparation anime toute la région.
Le programme musical de la saison est déjà en chantier. Outre
la préparation de la Fête, il comprend le Requiem de Jean
Gilles. La collaboration avec la Société de La Tour-de-Peilz
est toujours étroite.
De plus, l'on met tranquillement sur pied le programme d'un grand
moment: la célébration du Centenaire de la Société Chorale
"Le Pélerin" en 1978. On renonce à l'organisation des
bals, qui laissent souvent un déficit et causent plus d'ennuis
que l'on n'en souhaiterait !
26 mars Le concert du "Pélerin ",
avec ses extraits des anciennes fêtes, et un programme d'une
richesse rarement atteinte, remporte un immense succès. Heureuse
façon de préparer dans l'enthousiasme, la célébration de la
Vigne...
5 septembre Une très bonne idée: un
"goûter vaudois" qui laisse un sympathique souvenir...
et un coquet bénéfice.
1977
Tout sera centré sur la Fête des Vignerons. Une soirée en
janvier, une partie familière en mars, tout cela maintient les
chanteurs en forme. Et puis, l'on pense déjà au prochain
Concours cantonal de Nyon.
C'est dans le tourbillon multicolore des arènes de Vevey, dans
le déferlement des musiques, au milieu de la Fête joyeuse et
grave, que nous laissons notre "Pélerin", un moment
arrêté, un peu étourdi par tout ce qui vient à lui ! ...
1978
Cent ans ! Voilà... Et surtout, pas de conclusion... Rien ne se
ferme, rien ne s'arrête... Pour le " Pélerin", la
route continue. Avec lui, nous avons traversé une époque, une
région, et revécu l'histoire d'une communauté villageoise.
Merci à lui de nous avoir emmené dans sa marche!
Bonne route, " Pélerin " sans âge ! ...................................
Et quelques images de la période 1979-2000
Fête cantonale des chanteurs vaudois, Montreux. 4-5 mai 1985